À quoi ressemble le paysan du futur ?

Conversation avec Audrey Bourolleau, fondatrice d'Hectar, et la philosophe et auteure Gabrielle Halpern*.

ELLE. L'agriculture est-elle pour vous en pleine révolution ? 

Audrey Bourolleau. L’agriculture s’est toujours adaptée aux changements de société. Après l’ère de la mécanisation, elle est aujourd’hui hautement intensive en connaissances et doit prendre en compte la protection de tout le vivant… Mais pour répondre à ces défis, il faut qu’elle soit viable : économiquement, d’un point de vue environnemental, mais aussi socialement. Le but d’Hectar est de changer l’image de l’agriculteur. On admire le chef d’entreprise, or le paysan est le seul chef d’entreprise dont on a besoin trois fois par jour ! Et l’alimentation est l’un des plus grands défis de demain.

Gabrielle Halpern. Le paysan est au coeur d’un autre changement : la fin de la pensée en silo, issue de Descartes, de l’idée que la nature n’est que matière, diabolisée puisque l’homme est divinisé et séparé d’elle. Mais avec l’idée de rationalité, de division du travail, ce qu’on a gagné en productivité, on l’a perdu en sens. Aujourd’hui tout s’hybride, on ne fait plus le même métier toute sa vie, votre téléphone est aussi une salle de jeu et un bureau… L’agriculteur doit penser de cette façon, sortir du circuit « végétal » ou « animal », pour revenir au global, avec son champ pour laboratoire de recherche. Il nous faut des paysans chercheurs !

ELLE. Pour vous, faut-il aussi ouvrir les fermes ?

A.B. Oui. Le paysan de demain peut récolter...

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