Élections législatives en Italie: quel est le programme de Giorgia Meloni?

Élections législatives en Italie: quel est le programme de Giorgia Meloni?

Les derniers sondages la donnent favorite. Giorgia Meloni, dirigeante du parti d'extrême droite italien Fratelli D'Italia, Frères d'Italie, pourrait devenir la prochaine Première ministre italienne si sa formation arrive en tête des élections législatives anticipées qui auront lieu ce dimanche.

Considéré comme post-fasciste, son parti est intégré à une coalition des droites, avec la Ligue, la formation anti-européenne dirigée par Matteo Salvini, et Forza Italia, le mouvement conservateur crée par l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi.

• Des valeurs "conservatrices"

Giorgia Meloni décrit elle-même son parti comme une formation "conservatrice", pour qui les questions de "liberté individuelle, de "famille" et "d'identité nationale" sont centrales.

"Je pense qu'il ne fait aucun doute que nos valeurs sont conservatrices. Les questions de la liberté individuelle, de l'entreprise privée dans l'économie, de la liberté d'enseignement, de la centralité de la famille et de son rôle dans notre société, de la protection des frontières contre l'immigration incontrôlée, de la défense de l'identité nationale italienne, telles sont les questions qui nous préoccupent" a détaillé la candidate de 45 ans auprès du Washington Post dans un entretien accordé à la mi-septembre.

• La défense des "familles naturelles"

Celle qui a fait campagne sous la devise "Dieu, patrie et famille" défend le schéma d'une famille traditionnelle, qu'elle qualifie de "naturelle".

"Oui aux familles naturelles, non au lobby LGBT! Oui à l'identité sexuelle, non à l'idéologie du genre!" a-t-elle déclaré lors d'un discours en juin. Elle a par la suite ajusté un peu le tir, affirmant qu'elle "changerait le ton, pas le contenu" de ce discours prononcé lors d'un rassemblement du parti espagnol d'extrême droite Vox. La candidate a aussi affirmé être contre l'adoption d'enfant par des couples homosexuels.

L'avortement a aussi fait l'objet de vives débats lors de la campagne électorale après que Giorgia Meloni a affirmé vouloir offrir un choix aux femmes hésitant à avorter.

"Nous ne toucherons pas à la loi sur l'avortement, nous voulons juste que (les femmes) sachent qu'il y a d'autres options" avait-elle déclaré.

• La priorité aux "valeurs chrétiennes"

Comme avancé dans sa devise, la candidate défend aussi avec ferveur "les valeurs chrétiennes qui ont fondé notre civilisation". "Je suis tout à fait en faveur du crucifix accroché aux murs de nos écoles publiques, pas parce que je veux imposer la religion en laquelle je crois à qui que ce soit. [...] Mais qu'on le veuille ou non, les valeurs chrétiennes ont façonné notre civilisation" a-t-elle encore affirmé auprès du Washington Post.

Une idée qu'elle défendait déjà en 2019, lorsqu'elle expliquait devant ses militants à Rome que "si vous vous sentez offensés par le crucifix, ce n'est pas ici que vous devez vivre. Le monde est vaste et il est plein de nations islamiques où vous ne trouverez pas un crucifix parce que les chrétiens y sont persécutés et les églises y sont rasées."

"Nous nous battrons contre l'islamisation de l'Europe, parce que nous n'avons aucune intention de devenir un continent musulman", avait-elle ajouté.

• Les "intérêts nationaux" devant l'Europe

Justement, parmi les autres thèmes chers à Giorgia Meloni se trouve l'Europe. Si elle a enterré son rêve de voir l'Italie sortir de l'euro et se présente désormais comme "pro-européenne", la candidate entend changer de ton face aux institutions européennes qui ont selon elle "mal placé" leurs "priorités", comme le montre la "pandémie et la guerre".

"La fête est finie", l'Italie "va commencer à défendre ses intérêts nationaux" auprès de Bruxelles, "comme le font les autres", a-t-elle prévenu lors d'un meeting mi-septembre à Milan.

La candidate milite pour "une Europe confédérale" qui "respecte la souveraineté des Etats membres" en leur laissant le soin de décider de la "politique de proximité" concernant directement les citoyens.

Dans cette optique, elle demande la renégociation du plan de relance post-Covid italien, financé à hauteur de près de 200 milliards d'euros par l'Europe, pour tenir compte de la flambée des coûts de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine.

La coalition des droites réclame aussi une "révision des règles du Pacte de stabilité", suspendues en raison de la crise sanitaire, qui fixent un plafond de 3% du PIB pour le déficit et de 60% pour la dette. Et pour cause, l'Italie croule sous une dette de plus de 2700 milliards d'euros, soit quelque 150% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

• Contrôle de l'immigration

Giorgia Meloni prévoit enfin plus de contrôles de l'immigration. Elle promet d'arrêter les migrants qui arrivent par dizaines de milliers chaque année sur les côtes italiennes dans des bateaux en provenance d'Afrique du Nord, en proposant des centres de traitement des demandes d'asile en dehors de l'UE.

"Un État sérieux surveille et défend ses frontières. Je ne me lasserai jamais de le répéter: la seule façon d’arrêter l’immigration clandestine est le blocus maritime, c’est-à-dire une mission européenne en accord avec les autorités nord-africaines. Il n’y a que comme ça qu’on pourra mettre un terme aux départs illégaux vers l’Italie et à la tragédie des morts en mer", a-t-elle assuré sur Instagram fin août, selon les propos rapporté par Courrier international.

• Ukraine, impôts, justice

Dans leur programme présenté début août, les partis de droite se sont aussi engagés à respecter les engagements de l'Italie envers l'Otan et à continuer de soutenir l'Ukraine contre la Russie, tout en soutenant les efforts diplomatiques en faveur de la paix.

Ils promettent également de réduire et de simplifier les impôts, et la mise en place de mesures visant à remédier à la baisse du taux de natalité en Italie, via notamment une protection de l'emploi pour les jeunes mères.

D'autres promesses portent sur la réforme judiciaire, notamment celle de "mettre fin aux procès médiatiques", une préoccupation de longue date de Silvio Berlusconi, qui a fait l'objet de procédures judiciaires tout au long de sa carrière.

Article original publié sur BFMTV.com