Le pouvoir est « le plus puissant des aphrodisiaques », constatait Henry Kissinger, aussi bien pour ceux qui le détiennent, dont l’appétit de séduire semble irrépressible, que pour ceux, et surtout celles, qui cèdent à son étrange magie érotique. Et quelle meilleure illustration que de remonter l’histoire de ce célèbre hôtel particulier, qui fut édifié en 1722 par Louis-Henri de La Tour d’Auvergne, dans ce qui n’était encore qu’une plaine hors des limites de Paris.
Bien avant d’abriter les ors solennels de notre République, ce lieu fut voué par son premier propriétaire aux jeux du désir et de la sensualité ; les grands s’y encanaillaient pendant que la royauté vacillait à Versailles. Puis il devint temple du libertinage au temps des merveilleuses du Directoire, témoin des excès de Caroline Murat, sœur de Bonaparte, et d’innombrables chassés-croisés érotiques une fois Napoléon couronné empereur. On y retrouve nombre d’égéries devenues célèbres grâce à des livres ou des tableaux, comme la comédienne Rachel ou la Castiglione.
La période des présidents ne sera guère plus sage : Thiers, Clemenceau, Gambetta, Faure et autres y sacrifièrent au culte des maîtresses. Tout comme ces amateurs de jolies femmes que furent François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing ou Jacques Chirac. Ce livre très plaisant va au-delà du recueil d’anecdotes, même si l’on en découvre un bon nombre, et éclaire cette étrange passion, parfois amusée, parfois indignée, que suscitent en nous les péripéties amoureuses des locataires de l’Elysée.