65 ans, 49.3... Ce que prévoit Emmanuel Macron pour la réforme des retraites

Le détail de la réforme des retraites qui sera présentée le 15 décembre prochain se précise. Le président veut garder le cap sur les 65 ans et envisage d'utiliser un texte budgétaire pour faire passer l'allongement de l'âge de départ. De quoi lui permettre d'utiliser un 49.3 tout en se préparant à affronter au moins une motion de censure.

L'heure est à la clarification pour la réforme des retraites. Après une longue interview d'Élisabeth Borne la semaine dernière, Emmanuel Macron a reçu les poids lourds du gouvernement et de la majorité mercredi soir à l'Élysée. Le président a donné la feuille de route à suivre.

Premier principe sur lequel le président ne veut pas revenir: l'âge de départ à la retraite, actuellement fixé à 62 ans, doit passer à 65 ans, conformément à sa promesse de campagne.

Cap sur les 65 ans

Les participants autour de la table étaient pourtant divisés et certains défendaient les 64 ans, à l'instar de François Patriat, le patron des sénateurs macronistes ou encore Richard Ferrand, l'ancien président de l'Assemblée nationale. Ces deux proches du proche de l'État plaidaient pour reprendre le vote du Sénat sur le budget de la Sécurité sociale en novembre dernier.

La chambre haute s'est positionnée en faveur de la retraite à 64 ans en novembre dernier. Les sénateurs ont également voté en faveur de 43 années de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein dès la génération 1967, et non plus 1973 comme c'est actuellement le cas.

Édouard Philippe qui défendait à la rentrée dernière la retraite à 67 ans est resté, lui, en retrait des discussions tout comme la Première ministre.

Les 64 ans, éventuelle porte de sortie

Emmanuel Macron lui-même avait pourtant ouvert la porte aux 64 ans dans l'entre-deux-tours de la présidentielle. Après un bain de foule à Denain et à Carvin (Nord), il avait glissé à des Français inquiets qu'il était prêt à "bouger" sur l'âge de départ s'il ressentait "trop d'angoisse" de la part des Français.

"Les 65 ans ne sont pas un dogme", avait-il également expliqué.

Convaincre la CFDT

Soucieux cependant de se garder une porte ouverte en cas de forte mobilisation dans la rue, l'option retenue par les sénateurs pourrait revenir à l'Assemblée nationale si nécessaire lors des discussions fin janvier.

"65 ans reste le point de départ, c'est clair et ça a été réaffirmé. Mais le compromis sera la clé de cette réforme. Sans lui, cela paraît compliqué", reconnaît sans ambages un invité auprès BFMTV.

Le gouvernement compte toujours sur la CFDT, pourtant opposée à la réforme, pour la soutenir. Les regards se tournent également vers Les Républicains, favorables sur le papier à repousser l'âge de départ.

"Si on bouge, il faut que quelqu'un paie", a expliqué Emmanuel Macron, d'après un participant au dîner.

Vers un 49.3 et des motions de censure

Second principe acté lors de ces agapes à l'Élysée: la réforme des retraites devrait passer par un projet de loi de finances de la Sécurité sociale rectificative (PLFSSR) et non par un projet de loi adhoc. Si le véhicule législatif pour faire voter ce texte semble très technique, il a toute son importance.

En cas de texte budgétaire, l'exécutif peut en effet utiliser le 49.3, cette arme constitutionnelle qui permet d'adopter un texte sans vote. Alors que le Rassemblement national et la Nupes sont farouchement opposés à cette réforme, il semble très probable que cette cartouche soit utilisée.

Le dépôt d'une motion de censure voire même de plusieurs semble très probable. De quoi donner quelques sueurs froides aux députés.

"S'il y a une motion de censure qui est votée, je dissous tout de suite" l'Assemblée nationale, avait menacé en privé le président en septembre dernier.

Pour tenter d'arrondir les angles, Élisabeth Borne recevra mardi et mercredi prochain les patrons des groupes parlementaires à Matignon avant de dévoiler jeudi les contours précis de la réforme.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Olivier Dussopt, ministre du Travail sur la réforme des retraites: "Nous pouvons acter un certain nombre de désaccords dans une discussion"