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Un accord entre Macron et LR est-il vraiment possible ?

Rachida Dati photographiée à Pars en janvier 2022 (illustration)
Rachida Dati photographiée à Pars en janvier 2022 (illustration)

POLITIQUE - Faut-il y voir un signe ? Au lendemain du rejet (de justesse) de la motion de censure déposée à la suite du recours au 49.3 décidé par Élisabeth Borne pour faire passer sa réforme des retraites, le patron des Républicains Éric Ciotti a déjeuné ce mardi 21 mars avec l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy.

Un rendez-vous révélé par Le Figaro et dont Le HuffPost a eu confirmation, qui intervient également quelques heures après un conseil stratégique tendu rue de Vaugirard, où les hauts responsables LR ont fait le point sur la désastreuse séquence écoulée. De quoi donner matière à discussion, dans un contexte où l’ancien chef de l’État défend (sans résultat) la cause d’un rapprochement entre Les Républicains et Emmanuel Macron.

Une option marginale chez LR

Une option récemment remise sur le tapis par Rachida Dati. « Ce pays ne peut pas être indéfiniment dans le chaos, la violence, l’absence de vision », a plaidé le 17 mars sur France culture l’ancienne ministre de la Justice, souhaitant un « accord politique pour redresser ce pays ». Un accord qui se ferait « entre le président de la République et notre famille politique ». Problème : l’option est très loin de séduire en interne.

« On ne veut pas d’accord de gouvernement », a sèchement répliqué le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, ce mardi sur BFMTV. La veille, à l’Assemblée nationale, le député d’Eure-et-Loir s’en prenait à Emmanuel Macron, dont il fustigeait l’« exercice isolé, narcissique et souvent arrogant du pouvoir ».

En réalité, l’option divise Les Républicains depuis le mois de juin et la majorité relative obtenue par les macronistes à l’issue des élections législatives. Mais les partisans de l’accord, à l’image de Jean-François Copé, restent marginaux. Durant la campagne pour la présidence des Républicains à l’automne, un seul candidat, le maire d’Orléans Serge Grouard, défendait cette option. Faute de parrainages, il avait fini par jeter l’éponge.

Dimanche 12 mars, atterré par le spectacle offert par Les Républicains sur le dossier des retraites, Serge Grouard a claqué la porte du parti en dénonçant une absence de ligne politique. À sa décharge, force est de constater que la direction prise par le parti ne penche pas du tout pour un accord avec Emmanuel Macron. Et pour une raison simple : Éric Ciotti s’est fait élire au mois de décembre en promettant de demeurer dans l’opposition.

Une promesse que partageaient d’ailleurs ses deux adversaires, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié. Difficile dans ces conditions de faire machine arrière, qui plus est au moment où le parti refuse d’exclure les députés LR ayant voté pour la motion de censure, ce qui rendrait illisible toute velléité d’accord avec la Macronie. Raison pour laquelle ce scénario, qui provoquerait une profonde facture au sein du parti de droite, a pour l’heure peu de chances de se réaliser.

La Macronie (aussi) divisée

D’autant que le camp présidentiel est divisé par ce scénario qui, de fait, acterait le départ d’Élisabeth Borne. « Elle est au barycentre de notre majorité », observe auprès du HuffPost un ministre tenant de l’aile gauche, inquiet par une éventuelle prise de Matignon par un ministre venu de la droite et très opposé à tout accord de gouvernement avec LR.

Outre une démission de la Première ministre et une remise en question des équilibres fragiles de la majorité, certains macronistes ont du mal avec l’idée de pactiser avec la famille politique qui s’est montrée incapable de soutenir efficacement la réforme des retraites en dépit des concessions obtenues.

En témoignent les mots particulièrement durs tenus par certains élus Renaissance à l’égard de leurs homologues LR après le recours au 49.3. À l’image de l’accusation formulée par Aurore Bergé, qui a affirmé que certains élus de droite voulaient marchander leur vote contre des contreparties à destination de leurs circonscriptions. Reste que certains, y compris des poids lourds de la Macronie, disent à haute voix qu’il faut aller dans le sens d’une cohabitation.

C’est notamment le cas de Gérald Darmanin qui, ancien du parti de droite, pourrait tirer profit de contingents LR venant renforcer la Macronie. « LR doit comprendre qu’on partage le même électorat. Qu’on a donc les mêmes intérêts. Cet électorat ne cesse de se demander “Pourquoi vous ne vous entendez pas ?” C’est notre pari pour la suite car si on ne s’entend pas, ça sera la victoire de Marine Le Pen […]. LR est à la croisée des chemins. En 2027, soit ils font une alliance avec ceux qui sont allés chez Emmanuel Macron, soit ils vont chez Le Pen », a-t-il déclaré dans Le Figaro ce lundi 13 mars. C’est ce qui s’appelle parier sur le temps.

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