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Adrien Quatennens à l’Assemblée, la NUPES mal à l’aise

POLITIQUE - Il y a celles qui sont parties et d’autres qui ont applaudi. Mardi 7 février au soir a Palais Bourbon, plusieurs élues, dont Sandrine Rousseau, Karine Lebon et Marie-Charlotte Garin, ont quitté l’hémicycle sans un mot lorsqu’Adrien Quatennens a pris la parole. D’autres élus insoumis ont applaudi. Deux attitudes aux antipodes qui illustrent le malaise total de la NUPES sur le cas du député du Nord.

Quelques heures plus tard, les personnalités de gauche invitées des radios et chaînes de télé n’ont pas pu éviter le sujet, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Que pensez-vous de l’intervention du député ? Les applaudissements vous ont-ils choqué ? D’une même voix, tous ont répondu... en critiquant la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé qui a elle aussi quitté l’hémicycle et vu dans les applaudissements de certains « le summum de l’indécence ».

« Il y a des critiques que je comprends. Je ne la comprends pas d’Aurore Bergé, je pense que plutôt que regarder la paille que l’autre a dans son œil, on doit regarder la poutre qu’on a dans le sien. Et quand on a sur ses bancs Damien Abad, je pense que ça doit rester une question que l’on doit prendre avec modestie », a fustigé le député de la Somme François Ruffin sur franceinfo. Sur RMC, l’insoumis Louis Boyard choisissait la même contre-attaque. « Je trouve assez indécent de la République en marche d’instrumentaliser politiquement tout ça alors qu’ils ont Gérald Darmanin, Damien Abad, qu’Aurore Bergé a couvert Simian », a souligné le jeune élu.

À noter cependant que si Benoît Simian a été condamné pour harcèlement, ce n’est pas en revanche pas le cas de Damien Abad et Gérald Darmanin. Le premier est toujours sous le coup d’une enquête menée par le parquet de Paris, et le parquet a rendu un non-lieu dans le cas du deuxième accusé de viols. Adrien Quatennens a lui été condamné pour violences conjugales. Qu’importe : « il n’y a pas de leçon à recevoir de Renaissance (ni) d’un autre groupe politique », maintient François Ruffin.

« Demandez-leur directement »

Mais cette riposte très politique n’empêche pas la gêne. Le député de la Somme, absent au moment des faits, a ainsi pris ces distances avec ceux de ces collègues qui ont encouragé Adrien Quatennens, un « point de crispation » selon lui. « J’étais contre une démission forcée, mais je suis contre un retour forcé. Je pense qu’une année sabbatique, le temps de digérer les évènements et le jugement, ça aurait fait du bien à tout le monde », ajoute-t-il.

Quant à Louis Boyard, il esquivait la question d’Apolline de Malherbe en l’invitant à « demander directement » aux concernés de justifier leurs applaudissements.

Sensiblement sur la même ligne, le socialiste Olivier Faure s’est contenté de rappeler que les groupes parlementaires n’avaient pas le pouvoir de contraindre un élu à la démission et s’est remis à la décision de la justice qui n’a pas requis d’inéligibilité. « Il y a eu un certain nombre de distance prise par les uns et par les autres, et je crois qu’il faut s’en tenir à ça, car nous n’avons aucun pouvoir pour juger de qui peut être sur les bancs ou pas », a-t-il déclaré au micro de LCP mardi soir. Ce qui ne l’a pas empêché de rappeler sa position personnelle sur le sujet, à savoir qu’il jugeait « impossible » le retour du député.

La députée écologiste Sandrine Rousseau, favorable à une « sanction politique » contre le député du Nord, a invité ce mercredi matin celles et ceux qui ont quitté l’Assemblée à « se signaler ». Elle n’a cependant pas commenté le geste.

Du pain béni pour la majorité ?

Le retour d’Adrien Quatennens dans la vie politique est un (gros) caillou dans la chaussure de la gauche, attentive à se montrer unie dans la lutte contre la réforme des retraites. « J’aurai préféré être interrogé sur les critères de pénibilités supprimés par Emmanuel Macron », a ainsi regretté François Ruffin ce mercredi.

Pour les députés Renaissance en revanche, c’est un nouvel angle d’attaque, bienvenu dans une période difficile sur les retraites. « Le groupe LFI est face à ce qu’ils ont toujours défendu sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. En mettant en scène un soutien à monsieur Quatennens dans l’hémicycle, ils étaient en contradiction majeure avec ce qu’ils ont toujours défendu », n’a pas manqué de souligner Franck Riester, le ministre des Relations avec le Parlement sur franceinfo. Le 7 mars prochain, Renaissance portera une proposition de loi pour rendre inéligible les condamnés pour des violences conjugales. À la veille du 8 mars, le député du Nord sera encore une fois au cœur des débats dans l’hémicycle.

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