Amour et arnaque - Coralie : "Je l’ai vu pleurer devant moi pour que je sauve sa mère. Je lui ai donné 3000 euros"
Coralie a rencontré celui qu'elle considérait être comme son "ami" sur les réseaux sociaux. L'escroc lui a fait croire que sa mère risquait de se retrouver à la rue si elle ne l'aidait pas financièrement. Peinée par la situation de la mère de son ami, la jeune femme a fait un virement de 3000 euros sur le compte de son arnaqueur.
Coralie a 36 ans et elle a croisé la route d’un arnaqueur il y a 2 ans : "Pendant les confinements, je m’étais beaucoup rapprochée d’un mec qui postait des photos que je trouvais marrantes sur les réseaux sociaux. Il y avait eu rencontre au déconfinement et comme ça avait bien accroché, on avait continué de se voir. En quelques mois, il est passé de "connaissance" à "pote" avant de devenir "un vrai ami". Je ne me formalisais pas du fait qu’il ne payait jamais les verres ou les dîners. Je me disais qu’il était comme ça et que ce n’était pas très grave. J’avais les moyens. Mes parents m’avaient fait une plutôt grosse donation ainsi que ma grand-mère. J’avais de l’argent sur mes comptes et j’étais censée réfléchir à comment je voulais le dépenser. Payer une poignée de restaurants n’allait pas y changer grand chose. On ne parlait pas trop de ça, même s'il était au courant. On parlait plutôt des rêves qu’on avait, des endroits où on rêvait d’aller, de la vie qu’on aimerait avoir. C’était une relation très facile, comme une amitié qu’on peut avoir au moment où on fait ses études. Je n’avais aucune raison de croire qu’il allait finir par me voler.".
Un jour, pourtant, l’ami de Coralie la retrouve chez elle en crise : "Il est arrivé complètement paniqué. Il criait à moitié, je ne comprenais pas ce qu’il disait. Je l’ai installé sur le canapé, je lui ai servi un verre d’eau et j’ai essayé de le calmer. Il m’a expliqué que sa mère avait eu des soucis de santé qui étaient maintenant résolus mais qu’elle n’avait pas travaillé pendant plusieurs mois et qu’elle n’était plus capable de payer son loyer. Son propriétaire menaçait de la mettre dehors. Moi, je n’y connaissais rien. Je l’écoutais me raconter cette histoire hyper dramatique et qui le bouleversait complètement. Pendant plusieurs heures, je l’ai vu pleurer devant moi pour que je sauve sa mère. Il me disait qu’il lui avait déjà donné toutes ses économies mais qu’il manquait encore plusieurs milliers d’euros. Je n’ai pas pu faire autre chose que de proposer d’aider. Je lui ai fait un virement dans l’après-midi."
Coralie donne 3000 euros : "Je les avais donc je me disais que ce n’était pas grave qu’ils servent en attendant de me servir à moi. Il promettait de me rembourser dès qu’il pourrait. Je n’avais aucune raison de ne pas le croire. Je le voyais depuis presque 2 ans. On se voyait tous les mois environ. Je me disais qu’on était assez proches pour que je puisse lui rendre un service. Et je crois même que j’ai été flattée qu’il me demande. Comme si ça validait le fait que notre relation était importante pour lui aussi. Le soir, quand il est parti, je me suis couchée avec le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Ce n’est que quelques semaines plus tard que je me suis dit qu’il y avait peut-être un problème.".
L’ami de Coralie est, en effet, de moins en moins régulier dans ses messages : "Au départ, on s’écrivait comme avant. Même si, en plus, je lui demandais des nouvelles de sa mère. Et puis, les messages se sont espacés. Il répondait de plus en plus court. On n’avait pas de date pour se revoir et ça a duré. J’essayais de proposer des choses mais il avait toujours une bonne raison pour refuser. Les premières fois, je me disais que c’était normal : on avait toujours fonctionné comme ça. Mais au bout du troisième ou du quatrième refus, je me suis dit qu’il y avait un problème. C’est là que j’en ai parlé à une autre amie.".
Coralie réalise qu’elle ne connait pas si bien celui qu’elle prenait pour son ami : "Je n’avais jamais été chez lui. Il m’avait donné un nom de quartier mais comme c’est un peu perdu et loin de tout, on n'y allait jamais. Je pense qu’il avait donné ce nom justement pour me dissuader de venir le visiter chez lui. Je ne connaissais pas ses amis comme il ne connaissait pas les miens parce qu’on se voyait toujours à deux et qu’on n'avait jamais eu l’occasion de mélanger nos groupes. J’avais juste ses comptes sur les réseaux sociaux et son numéro de téléphone. Quand il a vraiment disparu, j’ai essayé de le contacter un peu partout, mais il a dû me bloquer. Il a envoyé un seul message où il m’annonçait qu’il déposait une main courante pour harcèlement. J’ai eu peur et j’ai fini par laisser tomber. Je n’ai pas porté plainte de mon côté parce que je lui ai donné l’argent directement, en virement bancaire de mon compte à son compte. Il n’y avait aucun moyen de prouver que c’était un prêt et encore moins qu’il m’avait menti pour récupérer cet argent. Je me suis dit que ce n’était qu’une petite partie de l’argent que j’avais et j’ai laissé tomber. Mais ça a changé qui je suis. Je dirais que je fais moins confiance. Et d’ailleurs, depuis cette affaire, je n’ai pas été capable de trouver un amoureux. J’ai trop peur qu’on me mente, même pas forcément pour me prendre de l’argent. L’idée de mensonge m’est insupportable."
Quand les sentiments s’en mêlent, il n’est pas si difficile d’être vulnérable jusqu’à la manipulation. Et de plus en plus de personnes ont peur de l’arnaque financière. Est-ce du vol quand on donne son argent de bon coeur ? Et surtout comment en arrive t-on à se faire arnaquer ? Amour et arnaque revient sur ces histoires ou le mensonge et la manipulation se sont invité dans des histoires d’amour et d’amitié.
Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.
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