Antibiotiques, antidouleurs : comment expliquer la pénurie de médicaments ?
Un Français sur quatre s’était déjà vu refuser la délivrance d’un traitement pour cause de pénurie (Enquête BVA pour France Assos Santé réalisée en décembre 2018). S'il n'est pas nouveau le problème a pris de l'ampleur ces dernières années, et il s’est intensifié depuis quelques mois. Des tensions d'approvisionnement d'autant plus alarmantes que les conséquences sont considérables : les patients n'ont d'autre choix que de parcourir des kilomètres pour trouver le précieux remède, de reporter le traitement ou d'y renoncer.
"Il y a d’abord une explication conjoncturelle, souligne Nathalie Coutinet, économiste de la santé. La pénurie d’amoxicilline est liée, par exemple, à une baisse de la production pendant la période Covid du fait d’un besoin réduit, et d’un redémarrage mal anticipé." D’autres facteurs entrent aussi en jeu et concernent tout type de médicaments, comme la pénurie de matières premières nécessaires à l’emballage (verre ou aluminium), la hausse de la demande mondiale avec des pays nouvellement consommateurs, Chine et Brésil en tête… Et, plus récemment, la reprise épidémique en Chine où les exportations (notamment d’antidouleurs comme le paracétamol) sont mises à l’arrêt pour faire face à la demande nationale.
Mais le problème de fond est bien structurel. "La phase la plus importante dans la fabrication d’un médicament est la production de son principe actif, indique Nathalie Coutinet. Or, cette phase-là est la plus délocalisée." En effet, 80 % des principes actifs sont (...)