Une association américaine pour la liberté d’expression annule une table ronde avec des auteurs russes
C’est une démission qui fait du bruit aux États-Unis. Masha Gessen, journaliste russo-américaine, occupait la vice-présidence du directoire de l’association PEN America, qui se veut le porte-étendard de la liberté d’expression. Mardi 16 mai, The Atlantic a annoncé son départ en signe de protestation, relançant le débat sur le boycott de la culture russe.
“La tentation de censurer toute personne russe est arrivée aux États-Unis et le comble, c’est qu’elle touche un événement censé défendre et promouvoir la liberté de parole et d’expression”, écrivait le magazine, lui-même très mobilisé sur ces questions.
Samedi dernier, dans le cadre du festival annuel World Voices de PEN America, “Masha Gessen devait modérer une table ronde d’auteurs en exil dont deux sont, comme elle, nés en Russie et ont fui leur pays, écœurés. Mais un jour avant l’événement, ceux qui avaient acheté un billet ont été informés par e-mail que la table ronde avait été annulée en raison de ‘circonstances imprévues’”, explique The Atlantic.
Des Ukrainiens s’y étaient opposés
La raison ? “Une petite délégation d’auteurs ukrainiens, qui participaient à une table ronde prévue le même jour, avaient déclaré qu’ils ne prendraient pas part à un festival incluant des Russes. En tant que soldats en service dans l’armée ukrainienne, deux de ces auteurs […] affirmaient que des obstacles juridiques et éthiques s’opposaient à leur participation.”
L’un d’eux, Artem Chapeye, a expliqué à The Atlantic qu’il n’avait pas le sentiment d’avoir “boycotté les participants russes”, mais considérait “simplement que leur présence était incompatible avec la [sienne]”. D’après cet écrivain, “les participants russes ont eux-mêmes décidé d’annuler leur événement parce que nous, en tant que soldats en service, ne pouvions pas y participer à leurs côtés”.
Pourtant, “aux yeux de Masha Gessen, c’est on ne peut plus clair : PEN a cédé au ‘chantage’ des Ukrainiens”. Et c’est bien à l’association qu’elle en veut : “Nous sommes une organisation pour la liberté d’expression. Pour moi, ce n’est pas la faute des Ukrainiens.”
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