Attentat d'Arras: Darmanin évoque l'expulsion prochaine de "39 citoyens russes soupçonnés de radicalisation"
Après l'assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras par un fiché S radicalisé d'origine russe, le gouvernement veut afficher une image de fermeté. L'exécutif montre ainsi sa volonté d'expulser le plus rapidement possible les individus fichés S faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français, et a demandé aux préfets de porter une attention particulière aux "ressortissants du Caucase sur la tranche 16-25 ans".
L'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, 20 ans, correspond à cette catégorie: né en Ingouchie, une république autonome russe, il était surveillé par la DGSI et fiché S depuis début octobre.
En prison ou dans des centres de rétention
Au micro de BFMTV-RMC ce lundi 30 octobre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé qu'une soixantaine de personnes d'origine russe étaient dans le viseur des autorités, soupçonnées de radicalisation. 39 d'entre eux concentrent l'attention des services de renseignement, et l'exécutif a demandé leur expulsion.
"Nous avons fait une liste de 39 citoyens russes que nous suivons particulièrement et que nous soupçonnons de radicalisation. Nous avons présenté la semaine dernière la liste aux autorités russes", a déclaré le ministre. Ces derniers ont été "identifiés" par les autorités russes, et "nous allons prendre le chemin de l'expulsion", a précisé Gérald Darmanin, sous réserve que Moscou produise des laissez-passer consulaires.
Les autres citoyens russes particulièrement surveillés "ne sont pas dehors", a tenu à rassurer le ministre. "Ils sont soit en prison, soit dans des centres de rétention administrative."
Une "filière caucasienne" particulièrement surveillée
Cette "filière caucasienne" inquiète d'autant plus les autorités que plusieurs de ses membres ont commis des attaques en France au cours des dernières années. "Depuis 2018 en France, trois jeunes individus originaires du nord-Caucase ont été les auteurs d'attentats non déjoués, et six ont pris part à des projets d'attentats", expliquait à BFMTV.com le 16 octobre dernier Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT).
Le 16 octobre 2020, Abdouallakh Anzorov, 18 ans et originaire de Tchétchénie, tuait Samuel Paty, professeur d'histoire dans un collège des Yvelines, soit trois ans quasiment jour pour jour avant l'attentat d'Arras.
Depuis l'assassinat de Dominique Bernard, la France a été placée en "urgence attentat". Pour Gérald Darmanin, il n'y a toutefois pas "de menace caractérisée qui toucherait la France". Reprenant la formule de l'universitaire Gilles Kepel qui parle de "jihadisme d'atmosphère", le ministre alerte sur "un passage à l'acte davantage possible quand il y a des événements comme ceux-là (le conflit entre Israël et le Hamas, NDLR)".
"Nous sommes, comme tous les services occidentaux, extrêmement attentifs à ce qui se passe", a-t-il assuré, ajoutant que "le risque terroriste est très élevé".