Au Japon, des distributeurs de viande de baleine pour relancer une consommation en déclin

Baleine de Minke sur le point d'un baleinier japonais. - Institute of Cetacean Research / FILES / AFP
Baleine de Minke sur le point d'un baleinier japonais. - Institute of Cetacean Research / FILES / AFP

Les habitants de Tokyo et Yokohama peuvent désormais se procurer de la baleine sous vide dans des distributeurs automatiques dont le nombre est amené à augmenter. L'entreprise qui les a développés veut relancer une consommation en berne en proposant des points de vente plus accessibles que les supermarchés, régulièrement visés par des actions d'activistes.

L'entreprise veut relancer la consommation de baleine au Japon. Kyodo Senpaku vient de lancer son troisième point de vente automatisé de viande de baleine dans la ville de Yokohama, après en avoir déployé deux à Tokyo. Derrière la vitre, les cétacés sont préparés sous toutes les formes: steak, sashimi ou encore bacon, rapporte CNN. Un moyen d'élargir au maximum la clientèle alors que l'entreprise compte investir et multiplier les distributeurs. Objectif: 100 points de vente dans le pays d'ici cinq ans.

Des supermarchés "harcelés par les groupes anti-chasse"

C'est avec un chapeau en forme de baleine qu'Hideki Tokoro, le président de l'entreprise, a inauguré le nouveau groupe de trois machines, situé dans un quartier commerçant branché où les boutiques de mode côtoient les boulangeries artisanales. Pour lui, ces machines sont une alternative aux magasins qui renoncent de plus en plus à vendre des cétacés empaquetés.

Les portions vendues, qui proviennent de baleines exclusivement chassées dans les eaux japonaises selon l'entreprise, coûtent entre 1.000 et 3.000 yens, soit entre 7 et 21€.

Demande en baisse depuis les années 1960

Au Japon, la viande de baleine est présentée par le pouvoir comme faisant partie intégrante de la culture gastronomique du pays, selon CNN. La consommation est toutefois en chute libre: après un pic à 233.000 tonnes vendues par an au début des années 1960, elle est retombée à seulement 1000 tonnes en 2021.

En comparaison, 2,6 millions de tonnes de poulet et 1,27 million de tonnes de bœuf ont été consommées dans le pays la même année.

"La plupart des Japonais n'en ont jamais mangé. Alors comment peut-on parler d'une culture nationale si en réalité personne n'y participe?", tance Katrin Matthes, responsable de la politique japonaise pour l'organisation internationale Conservation des baleines et des dauphins (WDC), à but caritatif.

La cause principale de ce changement d'usage est le prix élevé de la baleine par rapport aux autres viandes classiques. Le développement d'un activisme anti-chasse a également pu jouer. La dernière grande étude d'opinion datant de 2012 et commandée par une association anti-chasse avait montré qu'environ 27% des Japonais étaient en faveur de la chasse à la baleine, contre 18% en défaveur. La majorité, plus de 55% des interrogés, s'étaient alors dit indifférents à cette pratique.

Pour les défenseurs de la consommation de baleine, ce type de viande contient notamment plus de protéine que les autres viandes tout en ayant une empreinte carbone inférieure.

La chasse à la baleine à but commercial a été interdite en 1986 par la Commission baleinière internationale, une organisation qui vise à protéger les cétacés et dont fait partie le Japon. Le pays avait alors officiellement interdit ce type de chasse mais tout en maintenant les opérations "à but scientifique", une manière de contourner la décision. En 2019, le Japon s'est finalement retiré de la commission et a de nouveau autorisé la chasse commerciale.

Article original publié sur BFMTV.com

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