Oui au sursaut républicain, non à la pénalisation de l’antisionisme

ll est incontestable que l’antisémitisme est redevenu un problème en France. La multiplication des insultes antijuives, des attaques contre des Juifs et des profanations de tombes israélites exigent une mobilisation générale pour endiguer le retour de ce funeste démon.

La décision de manifester mardi pour dénoncer ce fléau, à Paris et dans plusieurs villes de province, était donc justifiée et bienvenue. Tout comme cela fut fait après l’attentat du 9 janvier 2015 contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ou après le meurtre de Mireille Knoll en mars 2018, le recueillement doit s’accompagner d’un appel volontariste à la riposte et à la solidarité.

La caricature nauséabonde de la communauté juive française par une partie des “gilets jaunes” est inacceptable et indigne du combat pour la réduction des inégalités qu’ils prétendent mener. Emmanuel Macron a parfaitement raison lorsqu’il affirme que “la République ne serait pas la même sans les Juifs de France”.

Ne pas légiférer trop vite

S’aventurer, à la faveur de cette mobilisation, sur le terrain de la criminalisation de l’antisionisme ne peut toutefois pas se faire les yeux fermés, dans un moment d’émotion collective. Si le droit d’Israël à exister et le droit des Juifs français de choisir d’y vivre doivent être défendus sans relâche et sans restriction, cet État doit pouvoir être critiqué, voire mis en cause lorsque sa politique entraîne l’oppression de minorités, ou contrevient au droit international.

Légiférer trop vite sur ce sujet, en cette période de convulsions sociales et de colères, pourrait même, dans une république où les communautés se replient sur elles-mêmes et où les fake news prolifèrent, accroître les rancœurs et l’idée erronée selon laquelle l’État hébreu bénéficie d’une impunité.

Alors que la haine antisémite de certains “gilets jaunes” exige de réagir, la France doit tenir bon sur cette ligne de crête et les Juifs de France doivent y prendre leur part, y compris sur le plan historique. La montée légitime des peurs ne doit pas faire oublier qu’en parallèle à l’abominable rafle du Vél’ d’Hiv’ de juillet 1942 et aux trains pour les camps d’extermination, de nombreuses familles françaises ont caché des Juifs, les protégeant et favorisant l’exil de leurs enfants, notamment vers la Suisse.

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