Avant l'affaire Laetitia, les relations ponctuées de violences de Tony Meilhon

La cour d'assises à Nantes décortique le "rapport aux femmes" de Tony Meilhon, meurtrier de Laetitia Perrais, jugé pour viols, violences et menaces de mort sur une ancienne compagne (DAMIEN MEYER)
La cour d'assises à Nantes décortique le "rapport aux femmes" de Tony Meilhon, meurtrier de Laetitia Perrais, jugé pour viols, violences et menaces de mort sur une ancienne compagne (DAMIEN MEYER)

Des relations ponctuées de violence, un homme à qui "on ne dit pas non": la cour d'assises à Nantes a décortiqué jeudi le "rapport aux femmes" de Tony Meilhon, meurtrier de Laetitia Perrais, jugé pour viols, violences et menaces de mort sur une ancienne compagne.

Entendu par visioconférence, la victime, âgée de 44 ans, a affirmé avoir été violée par Tony Meilhon à deux reprises, les 24 et 26 décembre 2010, quelques semaines avant la disparition de Laetitia Perrais, en janvier 2011.

Après trois mois de relation, il était devenu "violent" et "possessif", lui aurait porté des "coups au visage", plusieurs fois. Elle dépose alors des main courantes, le quitte, revient vers lui. Elle se dit "sous emprise".

Le soir du 24 décembre, il boit "tout un magnum de champagne" et lui aurait imposé un rapport sexuel, raconte-elle. "J'ai dit non. Il n'a pas écouté. J'étais prostrée, j'avais peur de ses réactions. Il y avait mon fils dans la pièce d'à côté."

Le 26, après le second viol dont elle l'accuse, il lui aurait dit être "excité" lorsqu'elle se refusait à lui.

S'il reconnait des "claques", Tony Meilhon a balayé jeudi des accusations de viols "mensongères".

Lors de l'enquête, plusieurs anciennes compagnes de Tony Meilhon avaient affirmé avoir subi des violences de sa part.

Sa première petite amie avait raconté le canon de pistolet un jour enfoncé dans sa bouche. "J'avais tellement la haine en moi (...) Elle va voir un autre mec, c'est pas de la jalousie, c'est un sentiment de trahison", a-t-il expliqué.

Une autre a témoigné de rapports sexuels imposés par un homme "incapable de sentir une frustration" et qui lui aurait lancé: "A moi on ne dit pas non."

- "Aucun espoir" -

En relation, "j'attends peut-être plus que je ne peux espérer. Je reconnais mes torts. Mais un non c'est non, on peut pas aller contre la volonté", affirme-t-il.

L'accusé fait remarquer que les témoignages évoqués ont été recueillis "après l'affaire de Laetitia", après qu'il a été jugé.

Dans le box, crâne rasé et pull gris, l'accusé répète qu'il "déteste les violeurs", affirme s'en être pris physiquement à des "pointeurs" lors de sa détention.

Lorsque la présidente lui demande s'il se considère comme un homme "jaloux", Tony Meilhon répond: "Je ne suis pas jaloux, mais je suis méfiant vis-à-vis des autres hommes quand j'ai une femme. Vous avez une voiture vous ne voulez pas vous la faire voler. Vous avez une femme, vous la protégez pour ne pas vous la faire voler."

Interrogé un peu plus tard par son avocat, il se reprend sur cette comparaison "pas adaptée": "Une personne n'est pas un objet."

Face à la présidente, Tony Meilhon s'est dit jeudi "sûr d'être condamné". "Je n'ai aucun espoir madame, aucun espoir de m'en sortir", a-t-il ajouté.

"Il a l'impression que les dés sont joués et que l'on va le condamner sur sa réputation. C'est quelque chose que l'on ne peut pas totalement exclure", a déclaré à l'AFP son avocat, Me Aurélien Ferrand.

Lors de l'audience, il s'est agacé d'entendre le directeur d'enquête évoquer à la barre certains détails "sordides" du meurtre de Laetitia, preuve selon lui que le dossier jugé jeudi avait été "pourri" par une affaire "surmédiatisé".

Le meurtre de Laetitia Perrais avait occupé le devant de l'actualité pendant plusieurs semaines en 2011, en raison de la cruauté des actes commis mais aussi de l'intervention de Nicolas Sarkozy.

Le chef de l'État de l'époque avait directement mis en cause les magistrats pour des défaillances dans le suivi de Tony Meilhon à la sortie de son précédent séjour en prison, déclenchant une grève inédite de la majorité des tribunaux français.

L'affaire a fait l'objet d'un livre signé Ivan Jablonka, récompensé en 2016 du prix Medicis, adapté par la suite en série télévisée, diffusée en 2020 sur France 2.

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