En Belgique, l’Evras, ce programme d’éducation relationnelle, affective et sexuelle au cœur d’une violente polémique
ÉDUCATION - Consentement, rapport au corps, réseaux sociaux... Et sexualité. Au début du mois de septembre 2023, le Parlement de Wallonie Bruxelles a voté un décret rendant obligatoire, pour les élèves de 6e et de 4e secondaire (l’équivalent de la seconde en France), deux heures annuelles d’Evras : éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Un programme qui existaient déjà depuis une dizaine d’années, mais dont la mise en oeuvre dépendait jusqu’ici des établissements scolaires.
Or, depuis plusieurs semaines, l’Evras fait l’objet d’une polémique violente suite à une campagne de désinformation intense sur les réseaux sociaux. À tel point que même une pétition française a recueilli plus de 15 000 signatures pour « supprimer la loi Evras » qui apprendrait « la sexualité à des enfants de maternelle et de primaire ». Problème : ce programme scolaire -qui n’a rien d’une loi- ne concerne absolument pas l’hexagone, et ses contenus n’ont rien à voir avec ce qui est diffusé en ligne.
L’Evras au coeur d’une violente polémique
Parmi les fausses informations qui circulent sur l’Evras, certaines indiquent qu’il sera obligatoire de parler de sexualité et de masturbation dès la maternelle, d’autres que le programme vantera les mérites de la pornographie. Des rumeurs qui s’accompagnent d’accusation de « perversion » ou de « pédophilie » à l’école, et de beaucoup de colère.
Depuis plusieurs semaines, les opposants à l’Evras manifestent leur désaccord par des distributions de tracts à la sortie des écoles, pétitions mais aussi des actes criminels. Ainsi, dans la nuit du 12 au 13 septembre à Charleroi, cinq écoles maternelles ont été incendiées. Sur les murs de quatre d’entre elles, des graffitis « Non à l’Evras ».
Ce dimanche 17 septembre à Bruxelles, une manifestation rassemblant 1 500 personnes a permis de constater la nébuleuse d’association constituant les « anti-Evras ». Le média belge Moustique évoque « des complotistes purs et durs, des associations conservatrices, d’autres liées à l’ultra-droite et aux cercles religieux ». On y a noté la présence du président de Civitas Alain Escada, ou encore l’association Innocence en danger Belgique. D’après la RTBF, les slogans anti-Evras se sont accompagnés de discours homophobes, transphobes ou encore anti-IVG.
Des interventions pour répondre aux questions des enfants avant tout
Pourtant, aussi bien des ministres que médias belges ont pris soin de débunker ces affirmations mensongères. Il a été rappelé à différentes reprises que les animations Evras ne parlent pas uniquement de sexualité mais aussi de vie de famille, d’estime de soi ou de gestion des émotions. Par ailleurs, les sujets abordés durant ces heures le seront toujours à partir des interrogations des enfants de la classe, et non comme un « programme de classe » à respecter.
RTL info rappelle qu’une circulaire du ministère de l’éducation envoyée aux écoles pose que les professionnels en charge de l’Evras « devront travailler au départ des questions des enfants, c’est-à-dire sans poser des questions à leur place et en tenant compte de leur âge et de leur développement psychoaffectif. »
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