Nos cœurs disparus, le roman de Celeste Ng qui réconcilie avec la dystopie

Pétri de douceur et d’émotion, sans pessimisme excessif malgré la brutalité du monde décrit, le nouveau roman de Celeste Ng n’est pas une énième dystopie déprimante. En cette rentrée littéraire, Nos cœurs disparus est une œuvre forte sur la famille, l’art et la liberté, contre le racisme et contre toute tentative réactionnaire de figer le monde.

Les dystopies pâlissent. Leur pertinence s’est noyée dans une surproduction de scénarios abusivement effroyables et déprimants sur notre avenir. La fiction est dorénavant entrée dans l’ère des utopies qui, sans être forcément béates d’optimisme, rouvrent les possibles. Mais Celeste Ng rappelle que les dystopies peuvent encore nous percuter avec force : Nos cœurs disparus bouleverse, captive et déploie ses alertes avec une humanité qui transperce jusqu’à redonner espoir. Une dystopie qui ne contourne pas l’optimisme ?

Une Crise — avec un grand C, événement historique oblige — a bousculé les États-Unis en plongeant le pays dans le chaos économique. Pendant cette période, sorte d’effondrement lancinant et partiel, la population survit tant bien que mal. Jusqu’à l’accession au pouvoir d’un nouveau gouvernement, nationaliste, qui met en place le PACT — Preserving American Culture and Traditions act. Ce dernier a tout d’une démarche autoritaire horriblement dystopique : pour préserver une prétendue culture américaine traditionnelle (comprendre : instaurer du racisme institutionnalisé), cette loi réduit les libertés, interdit les livres qui ne vont pas dans son sens, conduit à l’arrestation de toute voix discordante.

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Crédits photos de l'image de une : Source : Sonatine