Ce coiffeur australien rend le monde meilleur, une coiffure « arc-en-ciel » à la fois

Il est facile d’ignorer ce qui nous entoure lorsqu’on se balade à travers certaines des villes les plus animées au monde. Mais, vous risquez probablement de vous arrêter et de faire attention aux coiffures emblématiques et uniques repérées au beau milieu de la ville.

Attirer l’attention, c’est justement l’objectif de Mykey O’Halloran, artiste coiffeur originaire de Brisbane, en Australie, spécialiste des coiffures et des couleurs folles, et créateur de structures capillaires uniques. Il a ainsi attiré l’attention des habitants et des visiteurs d’Australie, de Nouvelle-Zélande et plus récemment de New York, au cours des trois dernières années. Il appelle cela le « le Road Trip ‘arc-en-ciel’ ».

Le coiffeur de 26 ans est un volontaire inscrit auprès de la fondation Make-A-Wish. Il a réuni plus de 36 000 $ dans le cadre d’une collecte de fonds encore active. M. O’Halloran bâti également un héritage afin de rendre hommage à Meaghan, sa cousine décédée, en cherchant des volontaires qui, en plus de contribuer à sa cause, sont prêts à se laisser coiffer par ses soins.

« Meaghan travaillait pour Make-A-Wish et a aidé la fondation à collecter plus de 2 millions de dollars en Australie. Elle est décédée de manière inattendue en 2008, d’où ma décision de travailler avec l’œuvre caritative Make-A-Wish », confie M. O’Halloran à Yahoo Beauty. « J’adore ce qu’ils font pour les enfants qui traversent des périodes très difficiles et souffrent de graves problèmes de santé. Ça les rend heureux, eux et leurs familles. Ils leurs apportent un peu de légèreté, en les aidant à réaliser leurs rêves et à rester fort tout au long des traitements ».

O’Halloran parle avec passion de la fondation qui le soutient lors de chacun de ses voyages. Cependant, l’inspiration à l’origine de son projet vient également de certains de ses amis les plus chers. Son premier projet avec Make-A-Wish a été lancé afin de soutenir ses amies Katrina et Brooke, qui ont aujourd’hui toutes deux survécu à différents types de cancers.

« J’ai lancé une collecte de fonds, et j’ai proposé de raser un quart de ma tête à chaque fois qu’on réunissait 2 500 $ », a-t-il confié. « Je me baladais donc comme si une tondeuse était passée au milieu de ma tête, mais ça a permis d’attirer l’attention sur les dons. J’ai fini par laisser mon amie, Katrina, raser l’intégralité de mon crâne, car elle souffrait d’un cancer de type lymphome. Nous avons perdu nos cheveux ensemble lorsqu’elle a commencé les séances de chimio ».

L’idée de dire adieu à ses mèches pour soutenir son amie signifiait beaucoup pour M. O’Halloran, qui a généralement de longs cheveux de toutes les couleurs. Cependant, il a rapidement réalisé que ses couleurs folles pourraient l’aider encore davantage à soutenir ses projets.

Les dons ont commencé à être accompagnés de suggestions de coiffures à l’attention de M. O’Halloran, encourageant ainsi le jeune homme à opter pour le look de Krusty le clown des Simpsons et celui de plusieurs fruits australiens emblématiques. Il a réalisé qu’un road trip serait une excellente opportunité lorsque sa page de dons a réuni 5 000 $ grâce à la publication d’une de ses coiffures sur Facebook. M. O’Halloran a donc démissionné de ses deux emplois et a pris son van Kombi, dans lequel il vivait au cours de ses voyages.

Le van a été décoré à l’aide de peintures de Bunning’s Warehouse en Australie. Il est orné d’un arc-en-ciel et de cornes de licornes, sans oublier, bien sûr, le logo de Make-A-Wish. Les teintures employées pour créer les styles capillaires proviennent elles de Manic Panic, que M. O’Halloran a découvert en s’occupant des cheveux d’une femme qui s’apprêtait à suivre des séances de chimio.

« Brooke fait partie de mes amies de Brisbane. Elle a survécu à une leucémie, et elle m’a taggué lorsque sa cousine, Hope, a publié un article sur Facebook demandant qui serait en mesure de lui faire une couleur avant qu’elle commence la chimio », confie-t-il. « La couleur d’origine a été réalisée par le directeur artistique de Manic Panic, Alix Clymer, qui a lancé Unicorn Tribe. J’ai donc contacté Manic Panic, j’ai expliqué la situation, et ils ont fait don de tous les produits nécessaires pour teindre ses cheveux rouge vif et arc-en-ciel en dessous ».

O’Halloran a ensuite décrit son expérience du trajet vers Bundaberg dans le cadre de ce projet qui lui a permis de rencontrer Hope et ses trois filles. Il se souvient avoir recouvert les tables de sa maison afin de ne pas les abîmer, pendant que les jeunes filles peignaient des perruques pour reproduire le look de leur mère.

« Je souhaitais simplement leur offrir un peu de joie, malgré la gravité de la situation, tout comme Make-A-Wish le fait pour les enfants atteints de maladies mortelles. Je me suis dit : ‘J’ai le temps, en route’ », a-t-il confié.

Le parcours de Hope a continué avec l’ouverture du Cafe House à Bundaberg, un rêve qu’elle a pu réaliser avant son décès le jour de la fête nationale de l’Australie (le 26 janvier) cette année. M. O’Halloran lui a rendu hommage à travers la coiffure, en utilisant la même teinture rouge vif pour recréer le symbole HOPE à New York.

L’attention que M. O’Halloran porte aux autres à travers ses projets reflète directement l’altruisme à l’origine de ce projet. Depuis le tout premier road-trip, il a pris soin de se rappeler que ses voyages ne tournaient pas autour de lui, que le but était plutôt d’embellir la vie des autres.

« Manic Panic m’envoyait des teintures afin de soutenir mon projet, mais je n’avais pas la sensation que la couleur était la mienne. Je ne faisais pas ça pour moi, je souhaitais encourager les dons », confie-t-il. « J’ai eu comme un déclic qui m’a donné l’idée de teindre les cheveux des autres aux couleurs de l’arc-en-ciel sur la route. Je me suis dit qu’il existait de nombreuses petites villes où les cheveux arc-en-ciel étaient encore rares, et j’ai pensé que l’impact sur certaines personnes pourrait entraîner des dons pour Make-A-Wish ».

O’Halloran a eu cette première vision il y a trois ans. Il commence à peine à réaliser la distance parcourue depuis et où il souhaite se rendre par la suite.

« J’aimerais réaliser 10 de ces road trips en 10 ans. J’aimerais réunir un ensemble d’artistes et créer un mouvement ‘Rainbow Road Trip’ aux quatre coins du monde, accueillir d’autres personnes créatives dans l’équipe et les laisser partager leur talent avec la fondation Make-A-Wish », confie-t-il, avant de marquer une pause pour réfléchir. « Oui, il s’est passé pas mal de choses, mais ça n’est que le début ».

O’Halloran a écrit un petit livre appelé Sally Likes Scissorsà l’âge de 11 ans. Ce livre lui a permis d’exprimer son amour pour ce qu’il connaissait alors de la coiffure. Il est capable de répéter l’histoire mot pour mot, sans même baisser la tête, prouvant ainsi que les mots et leur signification viennent bien du cœur, même s’il admet qu’il ne savait pas exactement ce que tout ça signifiait à l’époque.

Il considère aujourd’hui son livre comme une « manière sûre d’exprimer ce qu’il souhaitait devenir depuis son plus jeune âge » : un coiffeur en mesure de couper et de créer des arcs-en-ciel, dans ses propres termes. Maintenant qu’il a réalisé son rêve, M. O’Halloran prévoit d’écrire une suite intitulée Ruby Likes Rainbows.

Les arcs-en-ciel font désormais partie de la vie de M. O’Halloran, et on en voit généralement un sur sa tête, et sur son van, mais également sur son bras sous la forme d’un tatouage juste à côté d’un autre tatouage encore plus important à ses yeux.

« J’ai l’anniversaire de Meaghan tatoué, et nous avons les mêmes initiales M.O. », explique-t-il. « J’ai tenu une promesse que je lui avais faite et qui consistait à conduire un véhicule manuel. J’ai donc acheté le van qui m’a servi lors de mon ‘Rainbow Road Trip’ sans permis de voiture manuelle, et j’ai appris. Quand j’y repense, je suis vraiment heureux d’avoir tenu cette promesse.

« Il faut se rappeler du bon, et trouver la beauté dans chaque situation, même si vous ne la voyez pas encore ». M. O’Halloran nous rappelle à tous de « voir le bon côté des choses qui nous entourent », comme lorsqu’on se balade seule dans une ville animée. Un rappel qui pourrait bien être transmis sous la forme d’une coiffure originale dans un coin bien fréquenté d’une ville.

Kerry Justich