Centenaire du séisme de la plaine du Kanto: les étrangers des pogroms oubliés des hommages au Japon
Le Japon s'est figé, ce vendredi à 11h58, heure locale, au moment précis où, il y a 100 ans, le 1er septembre 1923, il subissait la plus grave catastrophe naturelle de son histoire : un séisme de magnitude 7,9 suivi d'un tsunami de 12 mètres de haut, qui dévastèrent Tokyo et son immense banlieue, faisant 105 000 morts. La commémoration de cette tragédie a été très incomplète. Les autorités n'ont en effet pas jugé bon de rendre hommage à la mémoire de milliers d'immigrés qui ont été massacrés dans la foulée du séisme, victimes de pogroms.
De notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval
Parmi les étrangers qui ont été assassinés en septembre 1923, figurent des proches de deux immigrés coréens.
« Après le séisme, explique le premier, une rumeur se propagea en ville : les Coréens et les Chinois étaient en train d'empoisonner l'eau des puits et de se livrer à des pillages. Cela a été terrible. La police militaire et des milices citoyennes ont commencé à pourchasser les étrangers et à les massacrer. Selon des historiens, au moins 6 000 immigrés ont été assassinés. »
« J'étais bébé à l'époque, donc j'ai très peu de souvenirs des événements, confie le second immigré. En revanche, jamais je n'oublierai le visage rieur de mon grand frère. Il a été battu à mort par des policiers, qui n'ont jamais été jugés. Il était né et avait toujours vécu au Japon, n'avait jamais fait de mal à personne... Mais après le séisme, le simple fait d'être Coréen faisait de vous un suspect. »