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« Sur les chemins noirs » est fidèle au livre de Sylvain Tesson et c’est là le problème

Jean Dujardin, ici dans « Sur les chemins noirs » de Denis Imbert.
Jean Dujardin, ici dans « Sur les chemins noirs » de Denis Imbert.

CINÉMA - Sylvain Tesson revient planter ses bâtons de randonnée au cinéma, mais cette fois sous les traits de Jean Dujardin. Après les adaptations de La panthère des neiges (2021) et Dans les forêts de Sibérie (2016), c’est désormais au tour d’un autre des récits du voyageur d’arriver sur nos écrans, ce mercredi 22 mars : Sur les chemins noirs.

Son histoire, c’est celle de l’auteur français qui, après une chute de huit mètres en escaladant ivre la maison d’un de ses amis (et qui aurait pu lui être fatale), a vu le temps se figer. Le bivouac ? Fini. Les crapahutages en montagne ? Aussi. Du moins, le temps d’une année.

En guise de rééducation et après s’être remis des multiples fractures et d’une paralysie faciale, Sylvain Tesson se donne pour objectif de traverser la France à pieds dans toute sa diagonale, du Mercantour aux côtés du Cotentin. Et ce, en empruntant uniquement des petits chemins indiqués par les cartes IGN, des chemins destinés aux marcheurs aguerris et à l’écart des routes ou autres circuits balisés.

Un best-seller

Publié en 2016, Sur les chemins noirs a rencontré un franc succès. 230 000 exemplaires ont été écoulés rien qu’avec son édition grand format, le livre étant disponible en poche depuis 2019. C’est un cas de figure fréquent avec Sylvain Tesson, auteur populaire dont les best-sellers sont nombreux à se hisser dans le classement des meilleures ventes, en France. Et notamment depuis le confinement. Son écriture nous raconte un monde sans limite, elle nous permettrait de voyager et de nous interroger sur notre sentiment de solitude, d’après France Culture.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Fidèle au roman, le nouveau film de Denis Imbert (Vicky, Mystère) réussit l’exploit d’adapter un livre introspectif sans action, ni vraiment de dialogues. On y retrouve de grands espaces à donner le vertige, la nature à toutes les saisons, le bruit des pas dans l’herbe ou ceux du feu qui crépite… Pour les fans de Sylvain Tesson, c’est du pain béni.

Si vous y êtes peu sensible, beaucoup moins : les changements dans le texte initial sont minces. Une scène de sexe, les débuts d’une romance, une vilaine chute en rando, l’ajout d’une crise d’épilepsie ou les nouvelles rencontres ne permettent pas de dépasser les dialogues avec Jean Dujardin, parfois clichés et hautains, sur le sort de l’humanité, l’arrivée des nouvelles technologies et des citadins à la campagne, ces « néoruraux ».

Jean Dujardin, ici dans le rôle de Pierre, dans « Sur les chemins noirs » de Denis Imbert.
Jean Dujardin, ici dans le rôle de Pierre, dans « Sur les chemins noirs » de Denis Imbert.

« Les gens qui s’installent ici veulent du haut débit avant même de savoir s’il y a une école ou une crèche », lui confie avec amertume, dans le film, l’habitant d’un village à la terrasse d’un café.

Plutôt rognons ou quinoa ?

Dans Sur les chemins noirs, l’acteur oscarisé ne s’appelle pas Sylvain, mais Pierre. « Il y a évidemment un lien entre nos histoires, mais je n’ai jamais voulu jouer [son rôle]. Cela aurait été indécent et stupide », assure Jean Dujardin au magazine Outside. Et pourtant, tout y est. À commencer par le costume : la casquette, le foulard et surtout, l’éternelle chemise blanche que l’écrivain porte en randonnée.

Comme lui, Jean Dujardin revendique son tempérament solitaire. « Si je vais dans une psychanalyse, cette solitude, je la connais. Je le sais la traverser. J’ai dû la subir, j’ai dû l’assumer. Et peut-être que maintenant, elle me manque. Je suis toujours très, très, très entouré. J’ai besoin d’être parfois un peu sur des chemins noirs. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai accepté d’aller me perdre dans ces reliefs », explique l’acteur de 50 ans à Rebecca Manzoni dans Totémic, sur France Inter.

L’ancien scout qu’il est aime « l’odeur de feu de bois qui reste sur les vêtements une semaine ». « C’est vraiment mes madeleines de Proust », confie-t-il au Parisien, contrairement « au quinoa dans un restaurant urbain ». « Je suis plus heureux devant des rognons dans une auberge », souffle au Figaro le campeur de la première heure, selon qui « en marchant on lâche des confidences sur sa condition d’homme, de père ou de mari ». Le personnage n’est pas près de le quitter.

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