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Climat : Les Français renvoient dos à dos les activistes radicaux et le gouvernement - SONDAGE EXCLUSIF

Climat : Les Français renvoient dos à dos le gouvernement et les activistes radicaux - EXCLUSIF (photo d’illustration prise à Londres, le 14 octobre 2022 lors de la dégradation, par deux activistes, du tableau « Les Tournesols » de van Gogh.)
HANDOUT / AFP Climat : Les Français renvoient dos à dos le gouvernement et les activistes radicaux - EXCLUSIF (photo d’illustration prise à Londres, le 14 octobre 2022 lors de la dégradation, par deux activistes, du tableau « Les Tournesols » de van Gogh.)

POLITIQUE - Soupe à la grimace. Depuis plusieurs mois, des militants écologistes font parler d’eux à travers le monde en organisant des actions-chocs, dans les musées ou les stades, pour alerter sur l’urgence de répondre aux défis climatiques. C’est ainsi que le chef-d’œuvre de Van Gogh, « Les Tournesols », a été aspergé de potage à la tomate mi-octobre par deux militantes, à Londres. Plus récemment, « La vie et la Mort » de Klimt a connu le même traitement aux Pays Bas, recouvert de peinture noire.

En France, le collectif « Dernière rénovation » - à la pointe de ce militantisme écologique radical - choisit plutôt de bloquer la circulation ou de perturber, à la marge, des événements sportifs. Une de leurs militantes, âgée de 23 ans, s’était ainsi accrochée au filet du court Philippe Chatrier le printemps dernier lors de la finale de Roland Garros. Avec quels résultats ?

De la visibilité, certes. Mais après ? Les manifestations de ce nouveau genre, qui essaiment ici et là, atteignent effectivement la population, dans le sens où de nombreux Français en ont entendu parler. Elles provoquent, en revanche, chez eux, un rejet massif. C’est l’un des principaux enseignements du sondage exclusif réalisé par YouGov pour Le HuffPost en cette fin novembre. Une étude sévère, donc, avec les radicaux. Mais qui n’en demeure pas moins délicate pour le gouvernement ou les tenants d’une écologie « pragmatique. »

Défiance générale

Seul point positif pour les activistes chantres de la « résistance civile » : leurs actions dépassent le mur du son et de l’information, puisque 71 % des Français interrogés ont entendu parler de leurs manifestations, dans les musées notamment. Un premier objectif rempli.

Passé cela, tous les voyants basculent au rouge. Dans le détail, seules 15 % des personnes interrogées sont « susceptibles » de rejoindre le mouvement. Ils sont 79 % à affirmer l’inverse. Concrètement, toutes les pratiques récemment développées par ces militants sont frappées par une défiance, plus ou moins forte, mais généralisée. Dans le détail, 66 % des Français disent ne pas soutenir leurs interventions lors de compétitions sportives. Un chiffre qui monte à 75 % pour le blocage de la circulation et culmine à 80 % en ce qui concerne les « happenings » dans les musées.

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En toute logique avec ces données, ils ne sont que 14 % de la population à « soutenir » le ciblage des œuvres d’art pour faire parler du climat. La part la plus enthousiaste, celle des « totalement » convaincus, tombe même à 4 %. Et ce malgré une précision, de poids, soumise aux sondés : les tableaux, protégés par des vitres, ressortent généralement intacts de ces actions militantes. De quoi attester un rejet philosophique plus que pratique ou concret ?

En réalité, pour le panel interrogé par YouGov, ces événements ne servent pas à grand-chose. Ni plus, ni moins. À la question « dans quelle mesure ce genre d’actions est utile, ou non, dans la prise de conscience des enjeux climatiques », plus de 7 Français sur 10 (72 %) répondent par la négative.

Le gouvernement n’en fait pas assez

Plus délicat, encore, pour les activistes, ces chiffres traversent toutes les sensibilités politiques. Si les électeurs macronistes sont les plus rudes à leur égard, il est effectivement intéressant de voir que les sympathisants de gauche, proches en tout cas de la Nouvelle Union populaire et des enjeux écolos, ne sont pas convaincus outre mesure. Ils ne sont que 32 % à estimer que les mobilisations type « Dernière rénovation » sont « utiles » pour le climat, contre 59 %. Même constat pour le taux de soutien aux différentes actions, lequel n’emporte jamais la majorité des avis, même auprès des Français qui se déclarent de gauche. Difficile.

Dans ce contexte, l’exécutif - et les ministres prompts à fustiger toute forme de « résistance » civile - peut se réjouir. Mais pas trop vite quand même. Car le sondage réalisé pour Le HuffPost confirme une réelle défiance des Français vis-à-vis de leurs dirigeants sur leur engagement contre le changement climatique. Les mêmes qui fustigent les manifestations offensives des militants pour le climat, estiment à 65 % que le gouvernement n’en fait pas assez en la matière.

Ils sont encore plus sévères sur le point précis de la rénovation thermique des bâtiments. Un dossier pourtant érigé en priorité par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, pour l’économie d’énergie et contre le réchauffement climatique. Preuve que le sujet touche de nombreux foyers : Ils ne sont que 8 % à ne pas se prononcer sur la question. Et preuve que la Macronie peine à convaincre : Près de 7 Français sur 10 (68 %) jugent insuffisants les efforts du gouvernement pour favoriser ces rénovations. À tel point que seuls 28 % des sondés disent avoir recouru à « MaPrimRenov », le dispositif d’aide financière mis en place par l’exécutif, ou envisagent de le faire.

On peut cependant noter que ce chiffre grimpe considérablement dans la tranche d’âge 18 - 34 ans, à 48 %. Un différentiel que l’on observe également dans l’appréhension des actions des militants écolos. Ce sont chez les jeunes qu’ils peuvent trouver leurs relais, ou le vivier de soutiens le plus puissant. À croire que les meilleures soupes ne se font pas forcément dans les vieilles marmites.

Enquête réalisée en ligne du 24 au 28 novembre sur 1 002 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. En partenariat avec YouGov.

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