Conviée par Macron, la Nupes arrive groupée à Saint-Denis après une rentrée en ordre dispersée

POLITIQUE - Rare image des quatre chefs de la NUPES sur la même ligne. Ce mercredi 30 août, Marine Tondelier, Olivier Faure, Fabien Roussel et Manuel Bompard sont arrivés côte à côte au lycée de la Légion d’honneur à Saint-Denis pour les « rencontres de Saint-Denis » organisée par Emmanuel Macron. Pour la première fois, après un été à s’égratigner, ils étaient tous d’accord pour se dire « sans illusion » avant la rencontre.

« On est content d’être là et on est content d’être là ensemble, on ne sait pas bien à quoi servira cette journée, mais le fat d’avoir la préparer ensemble et d’arriver ensemble est important pour nous, pour nous électeurs et pour les personnes pour lesquels on se bat », a insisté la secrétaire nationale EELV Marine Tondelier face aux journalistes.

Cette séquence intervient après une fin d’année scolaire où les divisions et désaccords de l’alliance des gauches se sont étalés au grand jour : sur les élections européennes, sénatoriales, mais aussi à la faveur d’une interview de Nicolas Sarkozy qui a donné lieu à un échange acerbe entre Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure, sans oublier plus récemment l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires.

L’initiative d’Emmanuel Macron a donné l’occasion à la gauche de faire front uni. D’une même voix, tous se sont dits circonspects sur les concrétisations de cette rencontre, évoquant les précédents critiqués du Grand débat ou encore la Convention citoyenne sur le climat.

« Nous ne sommes pas dupes de l’opération de communication que le président de la République met en place aujourd’hui. Mais à chaque fois qu’il est possible de venir porte des propositions concrètes nous le faisons », insiste Olivier Faure.

Des propositions en commun, le PCF fait bande à part

EELV, le PS et LFI se sont mis d’accord sur un catalogue commun de quinze mesures « d’urgence dans une situation sociale extrêmement difficile », a précisé le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard. La première d’entre elles porte sur la suspension des décrets d’application de la réforme des retraites, dont l’entrée en vigueur est prévue le 1er septembre, d’autres sont issues du programme partagé pendant la campagne législative, par exemple l’instauration d’une VIe République ou l’augmentation du SMIC à 1600 euros.

D’autres enfin font écho aux sujets d’actualité récents, comme l’augmentation des coûts de la rentrée et les difficultés d’accès à l’eau dans les Outre-mer.

Seule note discordante : le PCF qui n’a pas signé le communiqué commun. À côté de ses collègues mais dans une posture plutôt en retrait, le chef du parti Fabien Roussel a défendu des propositions propres à chacun, au-delà du socle commun. « Pour nous la priorité des priorités, c’est d’abord répondre en urgence à l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat », a glissé le communiste. Chez les écologistes, 21 propositions du parti, la plupart axées autour de l’environnement, ont été diffusées en fin de matinée.

Pas là pour faire partie du décor

Reste à savoir la nature de l’accueil qui leur sera fait. « L’oreille droite du président de la République fonctionne bien mais son oreille gauche est en panne », a ironisé Olivier Faure, alors que la fuite dans la presse de coups de téléphone du chef de l’État à Jordan Bardella, président du RN, et Éric Ciotti, président des LR, a agacé à gauche. « Il y a bien sûr le risque que nous soyons là pour tenir la chandelle d’un dîner destiné simplement à être ’un date’ (un rendez-vous galant, ndlr) avec Éric Ciotti », ajoute le chef des socialistes. Mais « si a un moment nous avons le sentiment que nous sommes simplement là pour faire décor, nous prendrons nos responsabilités aussi ».

La rencontre de ce mercredi 30 août se veut la première étape de « l’initiative politique d’ampleur » lancée par le chef de l’État. Un séminaire gouvernemental est ensuite prévu le 6 septembre pour assurer le suivi. « Le président de la République souhaite (que se tienne) un séminaire gouvernemental consacré au contenu des échanges, des propositions » issues de la réunion des chefs de partis autour du chef de l’État, afin d’aborder « les enjeux sur le fond mais aussi d’un point de vue de la méthode » , a précisé Olivier Véran lors du compte rendu du Conseil des ministres.

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