En corps heureux : « J’ai négligé mon corps pour le punir de ne pas avoir eu d’enfants »
Tous les quinze jours, un témoin nous raconte sa relation avec son corps. Son rapport à la douleur, aux regards et à la nudité, l’histoire de son poids et celle de sa peau. Cette semaine, nous écoutons celles d’Anne, 50 ans, chargée de missions dans la fonction publique.
En lisant les précédents témoignages de « En corps heureux », j’ai à mon tour essayé de visualiser mon corps. Et l’image qui s’en détache, c’est un trou noir et vide au niveau du ventre. En 2008, j’ai accouché à six mois de grossesse de deux fillettes « nées sans vie », selon les termes du livret de famille. Depuis, mon corps est un traître avec qui je dois cohabiter. Témoigner ici de ma relation avec lui, c’est formuler des vérités et réflexions irrationnelles que j’ai longtemps évité d’affronter. Mais je sens qu’il y a quelque chose à sauver, à extirper de ces profondeurs-là. Voilà pourquoi je raconte cette histoire, et voilà comment tout a commencé.
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MOYEN DE TRANSPORT
J’ai toujours été une rêveuse, le nez dans les livres et le cœur dans les romans. J’ai donc été surprise par la puberté. Le corps était jusque là pour moi un moyen de transport, qui soudain exigeait, prenait le contrôle sur mes humeurs. J’ai compris tardivement les exigences sociales de la mode en milieu scolaire, et au collège cela a fait de moi un vilain petit canard. Me valant un titre de « Miss Mocheté » pendant ma classe verte de 3ème. Au lycée j’ai donné le change, mais sans comprendre comment j’allais pouvoir être plus jolie. Encerclée par mes complexes de l’époque (ma taille 40, mes cheveux frisés) j’ai décidé...
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