Durant cette période noire, Coluche pourra toutefois compter sur le soutien indéfectible de son ex-femme. "Nous sommes restés très proches, expliquera-t-elle longtemps après la mort de l’artiste (…). Il n'y a pas eu de rupture d'amour. Nous avons rompu avec la vie quotidienne mais nous nous sommes toujours aimés. Vingt ans après, je n'ai pas refait ma vie." (GARCIA/URLI/Gamma-Rapho via Getty Images)

Quand Coluche rencontre Véronique Kantor, en 1969, il n’est pas encore l’humoriste au nez rouge, salopette rayée et brodequins jaunes que le public découvrira, hilare, quelques années plus tard. Le jeune homme de 25 ans, qui a trouvé son célèbre pseudo quelque temps plus tôt "Chez Bernadette", entre un tour de chant et une séance de plonge, fait alors ses premières armes dans un nouveau café-théâtre, le "Café de la Gare". Il y joue en compagnie de son compère Romain Bouteille, et d’autres jeunes artistes appelés à faire une brillante carrière, tels que Gérard Depardieu, Patrick Dewaere ou encore Miou-Miou, sa compagne de l’époque. (Francois LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images)

Véronique Kantor, 21 ans, fraîchement sortie de ses études de psychologie à Censier, pige alors au service culture du journal Combat. C’est d’ailleurs pour les besoins d’un article sur le Café de la Gare - le concept de café-théâtre vient tout juste d’éclore en France - que la jeune femme en pousse la porte pour la première fois. Avant de s’y rendre, c’est néanmoins un autre homme que la jeune femme rêve de rencontrer. "A cette époque, j'étais fan de Romain Bouteille, je le suivais partout, même la nuit…", reconnaîtra-t-elle plus de trente ans après dans une interview accordée à Paris Match. (Chip HIRES/Gamma-Rapho via Getty Images)

Sa rencontre avec Coluche va néanmoins changer la donne. "Quand j'ai vu Michel la première fois, j'ai eu un véritable coup de foudre, révèlera-t-elle. Il avait une telle présence et un tel charisme que toute mon admiration pour Bouteille a foutu le camp !" Quelques tours de piste plus tard, l’humoriste prendra la main de Véronique au moment de son départ - houleux - du Café de la Gare, pour ne plus la lâcher pendant dix ans. (Getty Images)

Coluche embarque alors Véronique dans une nouvelle aventure. L’humoriste cherche à reconstituer une nouvelle troupe - ce sera chose faite début 1971, avec Le vrai chic parisien. "Je faisais partie de cette bande de copains, relatera plus tard l’ex-femme du comique. (…) Je n'avais absolument aucun don pour être sur scène, c'était uniquement pour être à son côté. A partir de là, je ne l'ai plus quitté." (ROBOTH François/Sygma via Getty Images)

Coluche aura, au départ, beaucoup de mal à prendre cette passion au sérieux. "Au début, il ne me croyait pas quand je lui ai avoué que j'étais amoureuse de lui. Il a fallu que je rame pour le lui faire comprendre ! Il ne se trouvait pas assez beau, pas assez intelligent... mais pour moi, il avait toutes les qualités requises pour devenir l'homme de ma vie", expliquera Véronique des décennies plus tard. (Getty Images)

Premières expériences radiophoniques, premiers (petits) rôles, premiers spectacles : Véronique est aux premières loges pour assister à toutes les étapes de l’éclosion de l’artiste. Une maturation qui ne se fait toutefois pas sans heurts : en proie à des problèmes d’alcool, Coluche se brouille ainsi avec les membres de sa nouvelle troupe en 1974, et se lance dans une carrière solo. Un mal pour un bien… (ROBOTH François/Sygma via Getty Images)

C’est en effet à cette époque que Coluche va commencer à donner la pleine mesure de son talent. "Michel avait un esprit extraordinairement vif, il était toujours sur le qui-vive, en perpétuelle ébullition, il pensait toujours à quelque chose", décryptera Véronique en 2006. Ses premiers sketches, parmi lesquels l’illustre "Histoire d’un mec", font rapidement rire la France entière et son premier spectacle, Thérèse est triste, entérine fin 1974 sa notoriété naissante. (Alain Liennard\INA via Getty Images)

En 1975, Coluche triomphe à l’Olympia avec son deuxième spectacle, Mes adieux au music-hall. Sa célèbre salopette fait alors le tour de la France. Il ne s’autorise qu’une pause pour convoler en justes noces à l’automne avec Véronique. Une simple formalité pour un couple qui est déjà parent d’un petit Romain, 3 ans, et qui accueillera dès l’année suivante un petit-frère, Marius. (Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)

Le couple nage alors en plein bonheur. Une douce euphorie que Coluche, dont le succès ne se dément pas et se reproduit sur grand écran - L’Aile ou la Cuisse rencontre en 1976 un immense succès populaire -, sait entretenir en laissant libre cours à sa générosité proverbiale. "Il n'avait pas de limites, faisait tout pour sa chérie et ses enfants. (…) Michel était un véritable père Noël", se souviendra Véronique, attendrie, le jour de l’anniversaire des vingt ans de la mort l’artiste. (FilmPublicityArchive/United Arch)

Vivre avec Coluche, c’est aussi accepter de vivre à cent à l’heure, au rythme d’une carrière trépidante, perpétuellement entouré par une bande d’amis avec lesquels l’humoriste préféré des Français se montre tout aussi prodigue. Une vie de bâton de chaise qui ne va pas sans désagréments, comme le relatera son ex-femme en 2006 auprès de Paris Match : "Il dépensait quatre fois ce qu'il gagnait. Au moment des impôts, je me mettais dans des angoisses abominables, les sommes étaient astronomiques et il n'avait plus rien." (Bertrand LAFORET/Gamma-Rapho via Getty Images)

D’abord électrisant, ce train d’enfer va peu à peu obscurcir la vie du couple. Jusqu’à l’inévitable rupture, survenue le 3 décembre 1981, quelques mois après le renoncement de Coluche à l’élection présidentielle. Un épisode douloureux, qui va plonger l’artiste dans un abîme de tristesse. "Quand je suis partie, il l'a très mal vécu, reconnaîtra plus tard Véronique. (…) Il répétait souvent : "Votre femme qui vous quitte avec les enfants, il n'y a rien de pire. "" (MARCEL MOCHET/AFP via Getty Images)

Commence alors une lente descente aux enfers pour l’humoriste. La perte des amis chers - comme Patrick Dewaere en 1982, qui se suicide en utilisant la carabine 22 long rifle que lui a offerte Coluche -, les mauvaises rencontres, la cocaïne : l’artiste sombre. Un désespoir qu’il saura toutefois mettre à profit en acceptant d’incarner un pompiste meurtri par un passé douloureux, confronté à l'alcool et à la drogue, dans Tchao Pantin de Claude Berri. Ce rôle, pas si éloigné de sa propre vie à l’époque, lui vaudra de décrocher le César du meilleur acteur en 1984. (Gamma-Rapho via Getty Images)

Une fidélité de coeur qui trouvera un prolongement dans le dernier combat de l’artiste. Un an avant sa disparition, en effet, Coluche a eu "une petite idée, comme ça" celle d’une cantine gratuite à destination des plus pauvres. L’aventure des Restos du Coeur a commencé ainsi, le 25 septembre 1985, sur l’antenne d’Europe 1. Le passage d’un "putain de camion", en juin 1986, ne l’interrompra pas. Véronique, devenue administratrice des Restos, n’aura de cesse de les faire vivre, en même temps que la mémoire de celui qui resta, jusqu’à sa mort en 2018, l’homme de sa vie. (BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images)