Covid-19 : l'hôpital tient le choc

Face à la deuxième vague, les soignants craignaient le pire. mais l’expérience du printemps a porté ses fruits. Démonstration à l’hôpital Lariboisière, dans le nord de Paris .

« J’ai peur », a-t-il griffonné sur une ardoise de ses longs doigts d’artiste. Trois mots, toujours les mêmes, à bout de feutre, et ce regard fébrile à l’annonce de sa prochaine extubation. La sonde qui l’empêche de parler est aussi celle qui l’a maintenu en vie. L’angoisse a tétanisé plusieurs jours ce peintre de 60 ans, « le monsieur de la 114 », comme on l’appelle ici, au service de réanimation chirurgicale de Lariboisière.

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Il a fallu l’accompagner avec douceur et administrer quelques doses d’anxiolytiques pour l’aider à se libérer. Le voilà désormais capable de respirer avec un simple masque à oxygène, après trois semaines sous assistance d’une machine. Corps meurtri sous les draps rêches, voix perdue mais Covid vaincu : « Entre les médocs et les délires, je m’imaginais avoir été enlevé », écrit-il quand on lui demande comment il se sent. Ses beaux yeux bruns disent la tristesse de ne pouvoir s’exprimer davantage. Il fait un petit signe de la main, ouvre son ordinateur et lance la dernière saison de « The Crown » sous le regard attendri de l’infirmière. « Ce fichu Covid nous a mis à genoux, souffle-t-elle en retirant sa charlotte. Mais on finit par l’apprivoiser. Au moins, on n’a plus peur. »

La tension baisse dans les deux services de réanimation de ce vieil hôpital parisien jouxtant la gare du Nord. Ici, loin des beaux quartiers de la capitale, le virus a fait des ravages, les patients ont déferlé, tout comme ceux du 9-3 voisin asphyxié ; migrants, SDF, travailleurs logés en foyers, familles confinées dans de petits logements. « Les déterminants sociaux sont fondamentaux, rappelle le professeur Etienne Gayat, nommé coordonnateur de crise pour le groupement(...)


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