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Covid-19: pourquoi les scientifiques tablent sur une période de baisse puis de calme

Le pic des cas de Covid-19 semble être atteint, notamment en région parisienne, où le variant Omicron a commencé à circuler plus tôt (Photo: Le HuffPost)
Le pic des cas de Covid-19 semble être atteint, notamment en région parisienne, où le variant Omicron a commencé à circuler plus tôt (Photo: Le HuffPost)

SCIENCE - Va-t-on enfin pouvoir être optimiste sur le front épidémique, au moins quelques mois? Alors que près de 300.000 cas de Covid-19 sont toujours répertoriés quotidiennement, le pic des infections de cette cinquième vague, dopée par le variant Omicron, serait passé. Si les projections se confirment, le pic hospitalier devrait suivre et le mois de mars pourrait être celui du creux de la vague.

C’est en tout cas ce qu’espèrent de nombreux épidémiologistes et médecins ces derniers jours. C’est à la fois la dynamique actuelle des contaminations, les caractéristiques du variant Omicron et l’état de l’épidémie de coronavirus en France et chez nos voisins qui leur permet d’être, pour une fois, plutôt optimiste. En tout cas, sur les semaines à venir. “La catastrophe évitée tient en partie au comportement des Français”, affirme, ce lundi 17 janvier sur France Inter, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique.

″En mars, nous devrions arriver à un très bon contrôle de la vague actuelle. Une période de calme devrait alors s’ouvrir devant nous”, a estimé le 15 janvier dans L’Express le professeur Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Le même jour dans le JDD, l’épidémiologiste Vittoria Colizza affirmait qu’on “peut s’attendre à une décrue assez rapide, aussi à cause des propriétés du variant Omicron”.

Le pic des cas semble atteint

Quand on regarde les chiffres, on voit en effet que le pic de contamination semble avoir été atteint, comme le montre le graphique ci-dessous.

À Paris et en première couronne, où Omicron a pris pied en premier, on voit que le pic est encore plus clair et plus précoce, à la fois sur le taux d’incidence, mais aussi sur le taux de positivité. La baisse concomitante de ces deux indicateurs montre bien que le coronavirus circule moins.

Reste maintenant à voir quel sera l’impact sur les hôpitaux, mais il y a ici aussi de bonnes raisons d’espérer. “Le scénario du pire s’éloigne, le pic des infections a été passé ces jours-ci. Les admission à l’hôpital pourraient continuer à augmenter quelques jours, on devrait atteindre le pic dans la semaine qui vient”, estime Arnaud Fontanet, tout en rappelant que les services hospitaliers seront sollicités pendant tout le mois de février, avant d’atteindre des “niveaux très bas” en mars.

Le scénario du pire pour l’hôpital évité?

Le chercheur rappelle que selon les scénarios de l’Institut Pasteur, le pic dans les hôpitaux pouvait être catastrophique en fonction de différents éléments, et notamment du nombre de contacts que nous avons. Logique: plus il y a de contacts entre personnes, plus le virus peut circuler.

“La catastrophe évitée tient en partie au comportement des Français. On avait des éléments forts pour dire qu’en diminuant de 20% les contacts, on divisait par deux le nombre des hospitalisations, c’est vraisemblablement ce qu’il s’est passé”, pour Arnaud Fontanet.

Si l’on reprend les scénarios de l’Institut pasteur (plus de détails ici), cela veut dire que nous avons plus de chance de suivre la trajectoire en bleue, ce qui serait une bonne nouvelle.

L'impact hospitalier possible du variant Omicron sur l'épidémie de Covid-19 selon trois scénarios et trois niveaux de réduction de nos contacts. (Photo: Institut Pasteur)
L'impact hospitalier possible du variant Omicron sur l'épidémie de Covid-19 selon trois scénarios et trois niveaux de réduction de nos contacts. (Photo: Institut Pasteur)

Le variant Omicron moins virulent que Delta

L’autre élément qui permet d’espérer que la vague hospitalière sera moins catastrophique que ce que l’on pouvait craindre, c’est le changement induit par le variant Omicron. De nombreux éléments permettent aujourd’hui d’affirmer que le risque d’hospitalisation est plus faible. Même s’il est difficile de savoir à quel point ses mutations ou le fait que nous soyons vaccinés et donc protégés a le plus d’impact.

En tout cas, comme le graphique ci-dessous le résume (en comparant la taille de la vague actuelle par rapport à celle de l’hiver 2020), le rapport entre cas et hospitalisations a bien changé.

″À la fin de la vague Delta, qui a rempli nos réanimations, du fait de la dangerosité plus faible d’Omicron, on allait avoir moins de cas et probablement vers fin février, début mars, on va être dans un creux de vague”, estime Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres, interrogé par BFMTV le 16 janvier.

Dans une analyse publiée en fin de semaine, la Drees note que si 88% des tests sont dus à Omicron sur la période analysée (3 au 9 janvier), le nouveau variant n’est responsable que de 52% des hospitalisations.

Mieux: “seules 31 % des personnes entrées en soins critiques avec Covid-19” étaient contaminées par Omicron. Cette différence reste visible même en prenant en compte le fait qu’il y a un délai entre les symptômes, l’hospitalisation et la réanimation. “Les probabilités d’entrées en soins critiques conditionnellement au fait d’avoir un test RT-PCR positif, sont bien plus faibles pour Omicron par rapport à Delta pour les patients de moins de 80 ans. Elles le sont également pour les personnes de 80 ans et plus non vaccinées ou avec rappel et sont relativement similaires pour les 80 ans et plus disposant d’une primo-vaccination complète sans rappel.”

L’avenir à plus long terme reste incertain

Si beaucoup de scientifiques s’accordent pour dire que la vague va décroître dans les semaines à venir, il ne faut pas pour autant croire que nous en avons définitivement fini avec le Covid-19. Philippe Froguel rappelle qu’avec Omicron, l’immunité contre l’infection semble baisser rapidement et qu’une nouvelle hausse des contaminations à l’été n’est pas à exclure. Arnaud Fontanet, lui, met en garde contre un possible retour de Delta d’ici au printemps.

Mais dans les deux cas, les chercheurs estiment qu’au vu du taux de vaccination et de l’effet estival qui n’est pas le plus propice à la transmission du coronavirus, notre immunité devrait contenir une vague importante. Mais le coronavirus nous a appris en deux ans à ne pas crier victoire trop vite. “Des restrictions persistent, un nouveau variant plus dangereux peut émerger… On est encore en phase pandémique, et on n’a pas de preuve pour dire que cette vague sera la dernière”, résume Vittoria Colizza.

À voir également sur Le HuffPost: Après Omicron, quels seront les futurs variants?

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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