Décès de Jacques Villeglé : retour sur le parcours du « grand-père » du street-art

Véritable légende de l’art urbain, l’artiste, connu pour avoir fait entrer des affiches déchirées dans les musées, est mort à 96 ans.L'artiste français Jacques Villeglé, considéré par les street-artistes comme le « grand-père » de l’art urbain, est mort à l'âge de 96 ans. La nouvelle a été annoncée mardi 7 juin dans un communiqué par le Centre Pompidou. Le célèbre musée d’art contemporain lui avait consacré une grande exposition en 2008-2009 et conserve encore une douzaine de ses œuvres. À lire également >> Décès de Miss. Tic : retour sur le parcours de la légende du street-art Dans ce même communiqué, Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, a salué « la mémoire d'un grand artiste, flâneur et collecteur d'affiches dont le travail singulier a marqué la seconde moitié du XXème siècle ». Pionnier de l’art de rue, Jacques Villeglé s’est fait connaître en créant des œuvres à partir d’affiches lacérées. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Jacques Villeglé (@jacquesvillegle) Une figure du « Nouveau réalisme » Né le 27 mars 1926 à Quimper, Jacques Villeglé a étudié la peinture et le dessin à l’école des Beaux-arts de Rennes, puis l’architecture à Nantes. C’est en rencontrant l’artiste plasticien breton Raymond Hains, qu’il a l’idée, en 1949, d’arracher des murs des affiches détériorées (publicités, annonces de concerts et de spectacles, affichage électoral…) et de s’en servir comme principal matériau pour créer ses œuvres. Estimant que leur beauté résidait dans leur détérioration naturelle, et dans le chaos qu’elles dégageaient, l’artiste n’avait pas pour habitude d’intervenir artistiquement sur les fameuses affiches. Figure du « Nouveau réalisme », mouvement artistique qu’il a fondé avec son ami Raymond Hains, sa seule obsession était de faire en sorte que ses œuvres soient le reflet des réalités de son temps. Une fois déchirées, ces affiches, anciennes émanations des pouvoirs politiques et financiers, devenaient pour lui des « fleurs de la vie contemporaine », des « affirmations d’optimisme de gaieté ». Un passionné de typographie Impossible d’aborder l’œuvre de Jacques Villeglé sans aussi évoquer son fameux « alphabet socio-politique ». Très intéressé par la typographie, l’artiste a créé, à partir des années 1970, des lettres poétiques, corrosives et amusantes, qu’il aimait graffer sur les murs des grandes villes. Comme une provocation, il avait par exemple transformé le « x » de « Nixon », Président Américain farouchement opposé aux gauchistes, en un marteau croisé d’une faucille (le symbole historique du communisme). Récemment, l'artiste a exposé à Saint-Etienne, en 2016, et à Épinal, en 2018. Il n’aura malheureusement pas l’occasion d’assister à « La Mémoire Composite », une rétrospective de son travail organisée du 9 juillet au 18 septembre prochain à la Chapelle Saint-Sauveur de Saint-Malo.