"Démission": les oppositions tancent l'exécutif sur les cas Kohler et Dupond-Moretti

"Démission": les oppositions tancent l'exécutif sur les cas Kohler et Dupond-Moretti

Ce lundi, Eric Dupond-Moretti a été renvoyé devant la justice. La mise en examen du numéro 2 de l'Elysée, Alexis Kohler, a été révélée le même jour. Une séquence qui a donné du grain à moudre aux oppositions.

Sale journée pour le camp présidentiel. Ce lundi devait marquer la rentrée parlementaire et l'affirmation de la "nouvelle méthode" voulue par Emmanuel Macron avec le lancement par ce dernier du site internet du Conseil national de la refondation (CNR) pour associer les Français à cet organe politique de concertations. Raté.

La séquence a été éclipsée par deux affaires embarrassantes pour le pouvoir: le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) d'Eric Dupond-Moretti, pour "prise illégale d'intérêts" et la mise en examen du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler pour le même motif.

Dans le détail, le ministre de la Justice est accusé de s'être servi de sa position pour régler ses comptes avec des magistrats auxquels il s'était opposé lorsqu'il était avocat ; le numéro 2 de l'Elysée est, lui, soupçonné de conflits d'intérêts en raison de ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC.

De quoi donner du grain à moudre aux oppositions. Et le sourire à la gauche, qui, jusqu'ici était au centre des attentions avec les cas d'Adrien Quatennens et Julien Bayou.

"Démission"

"En une journée, mise en examen du principal collaborateur du chef de l’Etat et du ministre de la justice garde des Sceaux. J’attends avec impatience les appels à leurs démissions de la part des députés de la majorité relative", a ainsi ironisé Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste (PS).

Mathilde Panot, cheffe de file de La France Insoumise à l'Assemblée nationale, a raillé Alexis Kohler. Selon la députée du Val-de-Marne, "le protégé de Macron va devoir affronter sa hantise: rendre des comptes!".

Chez les écologistes, Benjamin Lucas a évoqué un dilemme: "Entre Kohler et Dupond-Moretti le même jour, le Président Macron doit maintenant choisir: être président de la République ou chef de clan".

D'après le député des Yvelines, dans "une démocratie normale", les deux hommes seraient "démis de leurs fonctions".

Même son de cloche chez Sandrine Rousseau. "Démission", a tweeté la députée écologiste de Paris.

"La justice doit donner une apparence irréprochable"

Du côté du parti Les Républicains (LR), Olivier Marleix s'est contenté d'évoquer le cas d'Alexis Kohler. Pour le chef de file des députés LR au Palais Bourbon, "son maintien en fonction à l'Elysée serait une injure à l'institution judiciaire".

Sur BFMTV-RMC ce mardi matin, Marine Le Pen a jugé que ce cas relevait de "la responsabilité d'Emmanuel Macron".

"Est-ce qu'il veut garder à poste aussi sensible quelqu'un [...] qui est suspecté de conflits d'intérêt?", a néanmoins tancé la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale.

Alexis Kohler ne "devrait plus être à ce poste", a ensuite jugé l'ex-candidate à la présidentielle.

Marine Le Pen a rappelé son attachement à la "présomption d'innocence". Néanmoins, le cas d'Eric Dupond-Moretti est différent selon elle, celui-ci étant ministre de la Justice.

Or, explique Marine Le Pen, la "justice doit donner une apparence irréprochable". "Si Emmanuel Macron tient à [Eric Dupond-Moretti], il n'a qu'à le changer de ministère", a déclaré la députée du Pas-de-Calais.

Pas sûr qu'Emmanuel Macron l'entende de la même oreille. Pour l'instant, Eric Dupond-Moretti comme Alexis Kohler sont soutenus par l'Elysée.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Éric Dupond-Moretti renvoyé en procès pour prise illégale d'intérêts