Qui a dénoncé Anne Frank et sa famille aux nazis? Une nouvelle enquête lève le mystère

Anne Frank en 1942. - Anne Frank Fonds - AFP - -
Anne Frank en 1942. - Anne Frank Fonds - AFP - -

Une équipe internationale d'enquêteurs, menée par un agent du FBI, s'appuyant sur des centaines de milliers de documents entreposés dans huit pays différents et les témoignages tirés d'entretiens conduits auprès de 70 personnes, le tout sur une période de cinq ans. Tel est le dispositif d'investigations qui permet ce lundi de connaître l'identité de la personne responsable de la dénonciation et de l'arrestation d'Anne Frank et sa famille, un funeste matin de l'été 1944 à Amsterdam.

Il s'agit, assure notamment le quotidien belge Le Soir qui a chroniqué les conclusions de cette enquête qui doit paraître mercredi dans le livre Qui a trahi Anne Frank?, d'Arnold Van den Bergh. Ce dernier, lui-même juif - et membre du Conseil juif de la capitale néerlandaise, aurait d'ailleurs livré la localisation de l'annexe où les Frank avaient trouvé refuge - ainsi que d'autres adresses - aux services de renseignement de la SS afin de protéger sa propre famille.

Le silence plein d'humanité d'Otto Frank

Le dévoilement du nom de cet homme, notaire de son état, ne va pas sans son cortège de précautions. Au long de ses cinq années de labeur, l'équipe de l'agent du "Bureau" américain, Vince Pankoke, a étudié une trentaine de pistes et celle-ci n'est jamais que la plus plausible. Toutefois, un élément accablant l'étaye: la copie - de la main d'Otto Frank, le père d'Anne - d'une lettre reçue par ce dernier dans sa boîte aux lettres après son retour des camps.

On y lisait: "Votre cachette à Amsterdam a été signalée à l’époque à la Jüdische Auswanderung d’Amsterdam (l'organisme local chargé de la déportation), Euterpestraat, par A. van den Bergh, qui habitait à l’époque près du Vondelpark, O. Nassaulaan. Le J.A. avait toute une liste d’adresses qu’il donnait". Cette note, restée inédite pendant 80 ans, a été retrouvée par les enquêteurs.

Une question reste entière. Pourquoi Otto Frank, seul survivant de son foyer, a-t-il choisi de garder le silence, après la Libération comme après la mort d'Arnold Van den Bergh, survenue en 1950? Les auteurs de la découverte hésitent entre l'humanité d'un père endeuillé comprenant le dilemme familial de son délateur, ou la prudence d'un homme craignant de nourrir une forme d'antisémitisme par l'exemple d'une complicité avec les nazis au sein de la communauté juive.

Deux ans loin des regards

Avant leur interpellation le 4 août 1944, alors que les chenilles des chars alliés couvraient déjà les bruits de bottes de l'occupant, les Frank étaient parvenus à se dérober aux regards allemands et collaborateurs pendant deux ans. Pour ce faire, ils s'étaient cachés, à compter de juillet 1942, dans l'annexe jouxtant les bureaux d'une entreprise d'Amsterdam.

C'est là qu'Anne Frank écrira son fameux journal. L'adolescente, quant à elle, est morte - à une date demeurée incertaine de 1945 - moins d'un an après sa déportation, alors qu'elle était détenue au camp de Bergen-Belsen, en Allemagne.

Article original publié sur BFMTV.com