Les denrées d’importation font les « beaux jours » du frigo de la ménagère

Nicolas Guyonnet / Hans Lucas

C’est passé quasi inaperçu. En juin dernier, l’Union européenne a renouvelé l’accord commercial annuel conclu avec l’Ukraine, qui lève les droits de douane pour ses transformateurs de volailles partout en Europe. L’entreprise ukrainienne MHP se frotte les mains. Elle est presque la seule bénéficiaire de cette mesure et peut donc arroser le marché européen de ses volailles malgré des élevages nettement moins qualitatifs que ceux de ­l’Hexagone, notamment en matière de traitement des effluents, de suivi au quotidien de la santé des animaux et de traçabilité des aliments qui leur sont administrés. Ajoutez à cela le faible coût de la main-d’œuvre locale, et le poulet ­ukrainien se retrouve jusqu’à quatre fois moins cher qu’une volaille produite en France !

Les chiffres sont sans appel : « Jusqu’à 25 000 tonnes de viande de volailles ukrainiennes sont importées chaque mois en Europe », s’inquiète Jean-Michel Schaeffer, éleveur de volailles en Alsace et président de l’interprofession Anvol. Il considère cet accord « mortifère pour la souveraineté alimentaire » et réclame donc au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, l’activation d’une clause de sauvegarde pour « stopper une fois pour toutes cette concurrence déloyale ». Sollicité par le JDD, Marc Fesneau n’a pas donné suite. Reste que cette mesure n’est pas de son unique ressort puisqu’elle se prend au niveau européen. Anvol insiste sur l’aberration de ce choix : « En France, un poulet sur deux est déjà issu des importations...


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