Différents d’âge - Edouard, 64 ans et Jacqueline 72 ans : "La famille a été très dure avec moi. On m’a même demandé si j’aimais les femmes"

Jacqueline a 72 ans et son mari, Edouard, en a 64. Ils sont tous les deux parents de trois enfants devenus adultes et sont à la retraite depuis quelques années déjà. Ils n’ont été en couple que l’un avec l’autre : "Je ne suis pas une grande romantique donc ça n’a jamais compté pour moi que mon mari soit le seul et l’unique mais ça s’est fait comme ça. Je me suis intéressée plutôt tard aux choses de l’amour et Edouard m’a fait une cour assidue. C’est ce qui m’a décidée à sauter le pas et à lui donner une chance."

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Une grande femme

Si Jacqueline se concentre plus sur ses études, puis sa carrière que sur sa vie amoureuse c’est pour une raison particulière : "J’ai toujours été une grande femme. À l’école, on m’appelait "le grand cheval". J’ai réussi à profiter de cette particularité pour en faire un avantage en faisant un peu de basket pendant ma vie étudiante. J’ai préféré ne pas m’intéresser aux hommes plutôt que de continuer à me prendre des réflexions sur le sujet. C’est Edouard qui m’a fait changer d’avis même si ça n’a pas changé le regard des autres sur moi. Ma taille a toujours été un plus grand problème que notre différence d’âge."

Au quotidien, ces deux éléments, pourtant, n’ont guère de conséquences sur la vie de Jacqueline et Edouard : "Edouard n’a jamais eu de problème avec ma taille donc j’ai pu continuer à porter les chaussures que je voulais. On a dansé ensemble. On a posé l’un à côté de l’autre. Il ne m’a jamais demandé de me baisser ou de faire un effort pour avoir l’air moins grande. Sur la question de l’âge, ça n’a jamais été un problème non plus parce que je n’avais pas beaucoup d’expérience quand je l’ai rencontré, donc on était à peu près au même stade de nos vies, pas très dégourdis."

Des proches critiques

Mais les proches de Jacqueline et Edouard sont durs avec le couple : "On lui demandait devant moi ce qu’il fichait avec une grande gigue. Si c’était moi qui portais la culotte. On lui disait qu’il méritait mieux, qu’ils pensaient tous que je finirais célibataire à cause de ma taille et du fait que je ne m’intéressais pas aux hommes. On m’a demandé si j’aimais les femmes. J’ai pris l’habitude de ce regard moqueur et méprisant. C’est Edouard qui a mis de la douceur dans ma vie. Avec lui, j’ai appris ce que c’était l’amour. Sans lui, je pense que je ne serais jamais devenue mère."

Elle a voulu protéger ses enfants de ce jugement : "Quand ma fille aînée est née, j’ai arrêté de voir certains membres de ma famille qui ne me faisaient que des réflexions désagréables. Je me suis entourée d’amies qui ne se moquaient pas de moi. C’est Edouard qui m’a appris à faire attention à ça. Je ne mérite pas qu’on se moque juste à cause de ma taille ou mon âge. Je ne suis pas Quasimodo. Et mes enfants n’ont pas à voir leur mère moquée, pour n’importe quelle raison et en particulier des raisons aussi absurdes."

Du temps pour assumer sa beauté

Jacqueline avoue qu’elle a mis longtemps à accepter que son mari lui dise qu’elle était belle : "Il le fait encore aujourd’hui et je lui dis d’arrêter. Au début, ça m’énervait parce que j’avais l’impression qu’il le disait pour s’en convaincre et puis j’ai appris à respecter son opinion et à voir sa sincérité dans ses yeux. Je sais qu’il le pense. Et ça me touche énormément."

Elle a appris à ses filles à ne pas écouter les réflexions des autres mais aussi et surtout à s’aimer elles-mêmes : "C’est quelque chose qui ne se faisait pas à mon époque et je le regrette. Moi j’ai appris à m’aimer grâce à un homme. J’ai toujours voulu que mes filles soient indépendantes et fières. Tout ce que leur mère n’a pas été. Elles le sont, je crois. C’est ma plus belle réussite."

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