#DoublePeine: des femmes dénoncent la prise en charge des victimes de violences sexuelles dans les commissariats

Manifestation Nous Toutes en hommage aux victimes de féminicides. (Illustration) - Zakaria Abdelkafi - AFP
Manifestation Nous Toutes en hommage aux victimes de féminicides. (Illustration) - Zakaria Abdelkafi - AFP

"Au commissariat central de Montpellier, on demande aux victimes de viol si elles ont joui." Ce mardi, la militante féministe Anna Toumazoff dénonçait sur Twitter les conditions d'accueil réservées aux victimes de violences sexistes et sexuelles au commissariat central de Montpellier.

Ce thread, dans lequel la militante féministe déroule des témoignages de victimes ayant voulu porter plainte dans ce commissariat, a provoqué une polémique et lancé un nouveau hashtag: #DoublePeine.

Cette double peine, il s'agit de celle de ces victimes de viols, de tentatives de viols ou d'agressions sexuelles qui ont vécu une prise en charge violente ou mal adaptée lors de leur dépôt de plainte.

Une prise en charge parfois traumatisante

Cette campagne d'appel à témoignage nationale revient sur un problème récurrent de la prise en charge des violences sexistes et sexuelles: le passage au commissariat.

L'association Nous Toutes, qui a participé à cet appel, rappelle que dans son enquête "#prendsmaplainte" de 2021, "65% des victimes de viol ou de tentative de viol qui ont déposé plainte font état d’une MAUVAISE prise en charge par les forces de l’ordre lorsqu’elles ont voulu porter plainte".

Sous le hashtag, des centaines de témoignages affluent. "Ce policier qui me demande pourquoi je portais une jupe, alors que je porte plainte contre un mec qui a filmé sous ladite jupe en plein rue, par 35 degrés à 15h de l’aprem. J’ai mis des années avant d’oser en porter à nouveau", témoigne une internaute.

"Faut pas pleurer, hein"

"Plainte pour tentative de viol 'Faut pas pleurer hein ça aurait pu être pire'. On m'a fait écouter l'enregistrement du suspect en boucles répétant ce qu'il voulait me faire, pour tenter de l'identifier, en riant: "Vous pourriez le mettre en sonnerie de téléphone", se souvient une autre victime sur le réseau social.

"Tu portes plainte pour séquestration et violence: on te frappe, on te crache au visage, on t'insulte, on détériore tes biens et on te répond que c'était un 'amour trop passionnel'", se désole encore une victime.

Très loin des chiffres exposés par Nous Toutes, le ministère de l'intérieur a estimé après un audit en 2020 que 90% des victimes jugeaient leur accueil dans les commissariat et gendarmeries satisfaisant. Pour rappel, l'Observatoire des violences faites aux femmes estime à 12% les femmes qui portent plainte après un viol ou une tentative de viol.

Article original publié sur BFMTV.com