Explosion du port de Beyrouth en 2020: l'ONU plaide pour une enquête internationale

Explosion du port de Beyrouth en 2020: l'ONU plaide pour une enquête internationale

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit lundi favorable à une enquête internationale sur l'explosion il y a trois ans dans le port de Beyrouth, en déplorant qu'"aucune responsabilité n'a été établie" dans cette affaire.

"Bien au contraire, de nombreuse inquiétudes ont émergé à propos des interférences dans l'enquête, dans un contexte de grave crise économique et sociale et de gouvernance faible, a-t-il ajouté.

Trois ans après cette explosion qui a fait plus de 220 morts, "il est donc peut-être temps d'envisager une mission d'établissement des faits internationale pour examiner les violations des droits humains liées à cette tragédie", a relevé Volker Türk devant le Conseil des droits de l'homme.

La classe politique scrutée

La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'Histoire, avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

A l'occasion du troisième anniversaire de l'explosion, le 4 août dernier, des centaines de Libanais avaient marché jusqu'au port pour accuser la classe politique d'entraver l'enquête.

La veille de cette manifestation, 300 ONG dont Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International ainsi que des familles de victimes avaient renouvelé leur appel à la formation d'une commission d'enquête internationale.

Enquête suspendue pendant 13 mois

Au Liban, un premier juge chargé de l'enquête en 2020 avait dû jeter l'éponge après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres. Son successeur, Tarek Bitar, s'est à son tour attaqué à des responsables politiques mais le Parlement a refusé de lever l'immunité de députés inculpés, le ministère de l'Intérieur s'est opposé à l'interrogatoire de hauts gradés, et les forces de sécurité ont refusé d'exécuter des mandats d'arrêt.

Il a été contraint de suspendre son enquête pendant 13 mois, en raison de dizaines de poursuites à son encontre de la part de responsables politiques et d'intenses pressions.

Le juge poursuivi pour insubordination

En janvier dernier, il a repris son travail à la surprise générale. Il a alors été poursuivi pour insubordination par le procureur général après avoir inculpé plusieurs personnalités de haut rang, une première dans l'histoire du Liban.

Le procureur a également ordonné la libération des 17 personnes détenues sans jugement depuis l'explosion. Le département d'Etat américain a estimé de son côté que "l'absence de progrès" dans l'enquête était "inacceptable", soulignant "la nécessité d'une réforme judiciaire".

Article original publié sur BFMTV.com