La fièvre des océans

Courrier international

La canicule n’est pas que terrestre. Dans l’Atlantique Nord et la Méditerranée, les températures de surface battent des records. On a même dépassé les 38 °C courant juillet sur les côtes de Floride. Cette poussée de fièvre participe d’un cercle vicieux : le climat déréglé détraque les océans, qui à leur tour détériorent encore plus le climat : précipitations violentes, inondations… L’été que nous vivons témoigne des conséquences de ce phénomène. C’est de cette fièvre des océans que nous avons choisi de vous parler cette semaine. Avec notamment, un long article du quotidien espagnol El País, qui revient, à partir d’exemples locaux, sur les conséquences de ces poussées de chaleur sans précédent.

Ainsi, en mai, les températures à la surface de tous les océans ont été supérieures à celles de tous les mois de mai enregistrées par le passé, et elles ont poursuivi leur envolée en juin, d’après les données publiées par le service Copernicus. La mer au large de la Floride a atteint 38 °C. La température moyenne des océans dépasse 21 °C, soit presque un degré au-dessus de cette même moyenne sur la période 1981-2012. Et bien que ce soit la température superficielle qui est mesurée, les profondeurs se réchauffent également.

Les conséquences de ces quelques degrés de plus peuvent être dévastatrices. En mer, mais aussi à terre. “Ces eaux chaudes engendrent ensuite des ouragans et des typhons dans la zone équatoriale, ces dernières perturbations étant des machines à transférer la chaleur depuis la mer vers l’atmosphère”, souligne, dans El País, le météorologue de la société Meteored Francisco Martín León. Il alerte :

“Les changements se produisent à une vitesse sans précédent. Le système climatique est hors de contrôle.”

En Méditerranée, en juillet, les eaux de surface ont atteint une moyenne de plus de 28 °C, mais à certains endroits, la mer “bout” encore plus, souligne El País. Et l’Atlantique Nord bat lui aussi des records. La cause ? Les émissions de CO2 d’origine humaine. “Nous surchargeons l’atmosphère de gaz à effet de serre, analyse Francisco Martín León, mais en plus, les mers, qui absorbent 80 à 90 % de cette énergie, sont aussi en surchauffe, et elles nous en restituent une partie sous forme de chaleur.” D’autres facteurs sont apparemment venus amplifier le phénomène. L’action d’un anticyclone de blocage, qui a contribué à “garder” la chaleur ; l’éruption du volcan sous-marin Hunga Tonga en 2022, qui a expulsé des millions de tonnes de vapeur d’eau dans la stratosphère ; l’arrivée d’El Niño – un phénomène naturel qui touche davantage le Pacifique équatorial – qui, à l’échelle planétaire, peut faire augmenter la température de 0,1 à 0,2 °C.

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