« Nous ne sommes plus qu’une poignée à encore oser travailler sur l’islamisme »

L’anthropologue et chargée de recherche au CNRS Florence Bergeaud-Blackler était reçue ce mardi 23 mai à Beauvau par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.   - Credit:Seb Leban pour
L’anthropologue et chargée de recherche au CNRS Florence Bergeaud-Blackler était reçue ce mardi 23 mai à Beauvau par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. - Credit:Seb Leban pour

Menacée de mort et placée sous protection policière depuis la parution de son livre-enquête Le Frérisme et ses réseaux (Odile Jacob) en janvier dernier, où elle raconte l'influence « grandissante » de cette idéologie politico-religieuse en France, l'anthropologue et chargée de recherche au CNRS Florence Bergeaud-Blackler était reçue ce mardi 23 mai à Beauvau par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Deux semaines après l'annulation – puis le report – d'une conférence à la Sorbonne, la chercheuse, spécialiste de l'islamisme, l'a alerté sur les « entraves » à la recherche et insisté sur l'urgence à protéger ceux qui travaillent sur le sujet. Elle raconte au Point cette rencontre.

Le Point : Que ressort-il de votre entretien avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin ?

Florence Bergeaud-Blackler : Gérald Darmanin était bien conscient des problèmes de sécurité que l'islamisme fait peser sur ma personne et a réaffirmé l'importance de la protection dont je bénéficie par le biais du SDLP (service de protection de la police nationale). Mais je ne pouvais pas être reçue sans évoquer la question de la sécurité de l'ensemble des enseignants-chercheurs travaillant sur les thématiques de l'islamisme. Nous ne sommes plus qu'une poignée à encore oser le faire en France et en Europe en raison de la sensibilité et de la politisation du sujet. Il nous est aujourd'hui difficile d'enseigner comme de mener nos recherches et nous savons, malheureusement, que les étudi [...] Lire la suite