France : déferlement de violences en plein champ contre des méga-bassines
L'affrontement était-il évitable ? Il était en tous cas annoncé. Samedi, lors d'un rassemblement - interdit par la préfecture des Deux-Sèvres à Sainte-Soline - plusieurs milliers d'opposants aux projets d'installation de réservoirs d'eau à usage agricole (dont plusieurs dizaines d'activistes radicaux) ont affronté les forces de l'ordre, déployées en nombre.
Résultat : un déferlement de violence inouï, en plein champ. Des groupuscules manifestement prêts à en découdre ont attaqué les gendarmes présents sur place qui ont répliqué.
Selon un dernier décompte fourni par le parquet de Niort, les secours ont pris en charge sept manifestants blessés, dont trois sont traités en urgence absolue et hospitalisés ; 28 gendarmes ont également été blessés, dont deux hospitalisés en urgence absolue. Deux journalistes ont été touchés.
La Première ministre française, Elisabeth Borne, a dénoncé samedi, sur twitter, un "déferlement de violence intolérable", mettant en cause "l'irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements".
Les bassines sont des retenues d'eau utilisées par les agriculteurs pour irriguer leurs cultures en période de sécheresse. Le chantier de Sainte-Soline prévoit la construction de 16 bassines, d'une capacité d'environ six millions de mètres cubes. Ce projet, soutenu par l'État, est porté par une coopérative de 450 agriculteurs.
Le président de cette coopérative, Thierry Boudaud, avait lancé un appel au calme ce vendredi. Interrogé sur le sujet sur France Inter ce samedi, le ministre de l'Agriculture a affirmé que le projet de ces réservoirs s'est fait "sur le terrain, avec les associations locales, avec les agriculteurs locaux, avec les services de l'État, avec les services scientifiques sur les questions d'eau". Marc Fesneau assure que "le process n'a en rien été imposé par le haut", et juge donc "exemplaire sa démarche".
Mais les opposants à ces méga-bassines n'ont pas la même vision. Selon eux, ces dispositifs alimentés en pompant dans les nappes phréatiques, sont destinés à l’irrigation de cultures intensives et sont décriés comme une forme « d’accaparement » de la ressource en eau.
Des collectifs d'associations réclament d'ailleurs leur abandon pur et simple et annoncent depuis des mois leur intention de s'opposer à la construction de ces bassins par tous les moyens incluant le sabotage, le démontage ou la destruction.
Ce dimanche, des milliers d'opposants étaient attendus dans une localité proche de Sainte-Soline avec au menu cette fois, des débats, des rencontres et même un spectacle de danse.