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La francophonie à rebours de l’histoire

Emmanuel Macron évoque les relations entre la Louisiane et la France au musée d'Art de La Nouvelle-Orléans, le 2 décembre.  - Credit:LUDOVIC MARIN / AFP
Emmanuel Macron évoque les relations entre la Louisiane et la France au musée d'Art de La Nouvelle-Orléans, le 2 décembre. - Credit:LUDOVIC MARIN / AFP

La France a cessé d'être un sujet pour devenir une conséquence. Au mieux, une incidence. À La Nouvelle-Orléans, le président de la République a vanté la francophonie et prononcé cette phrase : « La francophonie, ça n'appartient pas à la France. » Il poursuit en expliquant, en gros et à juste titre, que la langue française est enrichie par ceux qui la parlent, par exemple en Afrique ou en Amérique, la modifient, l'inventent au quotidien, contribuant ainsi à sa vitalité perpétuelle.

Cette démonstration, pour n'être pas fausse, révèle un basculement : la francophonie ferait vivre ce qui est « l'essence du français ». Or c'est le contraire. La francophonie découle du français. Et le français est, avant la nation, avant le royaume, avant la patrie, avant la République, le début de notre identité, et, c'est la surprise, de celles de bien d'autres peuples.

À LIRE AUSSIÀ La Nouvelle-Orléans, la parenthèse cajun d'Emmanuel MacronAu début du XIIe siècle, il est trop tôt pour parler d'unité. Les nations – le terme est un anachronisme – ne se conçoivent pas comme des espaces délimités par des frontières. Les gouvernements sont composés d'élites cosmopolites, choisies en fonction des allégeances des uns et des autres. Quant au français, il est, jusqu'à la fin du XIIIe siècle, la deuxième langue la plus parlée du monde après le latin.

D'ailleurs, l'adjectif « français » apparaît en Angleterre, et non en France, au début du XIIe siècle. De même, le plus ancien manuscrit de [...] Lire la suite