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Le Giec réaffirme dans sa synthèse l’urgence de limiter le réchauffement à 1,5 °C

Cette synthèse, qui succède à celle de 2014 et n’aura pas d’équivalent dans la décennie en cours, est « un guide de survie pour l’humanité », a souligné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

ENVIRONNEMENT - Le Giec tire une fois de plus la sonnette d’alarme. La synthèse du 6e rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) publiée ce lundi 20 mars réaffirme l’importance de limiter à 1,5 °C le réchauffement climatique, d’autant plus que les effets du changement climatique sont plus graves qu’estimé auparavant.

Le réchauffement climatique causé par l’activité humaine atteindra 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, préviennent donc ce lundi les experts du Giec dans leur nouveau rapport de synthèse, somme des neuf dernières années de recherche représentant le consensus scientifique le plus à jour sur le climat.

Cette projection est valable dans presque tous les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre de l’humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi. D’ailleurs, les émissions de CO2 qui émaneraient des infrastructures fossiles existantes, si elles ne sont pas équipées de moyens de captage, suffiraient à elles seules à faire basculer le monde vers les 1,5 °C. Mais « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies », écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l’ONU.

Cette synthèse, qui succède à celle de 2014 et qui n’aura pas d’équivalent dans la décennie en cours, est présentée comme « un guide de survie pour l’humanité », a souligné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Ce rapport est un message d’espoir », a également insisté auprès de l’AFP le président du Giec, Hoesung Lee.

« Ce rapport de synthèse souligne l’urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous », insiste avec optimisme l’économiste coréen.

Pas de bénéfices d’une limitation à 2 °C

Quant aux risques associés au réchauffement climatique, ils sont désormais considérés plus graves que ce qui avait été estimé jusqu’à présent, concluent les experts du Giec. « Pour tout niveau de réchauffement futur, de nombreux risques associés au climat sont plus élevés que ce qui avait été estimé » dans le rapport de 2014, peut-on lire.

C’est pourquoi les années les plus chaudes que le monde a connues récemment compteront parmi les plus fraîches d’ici une génération, quels que soient les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre par l’humanité. « Le monde actuel est plus frais que celui de demain, au moins pour plusieurs décennies », a commenté Chris Jones, scientifique du service météo britannique et l’un des auteurs principaux de la synthèse.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays riches à relever leurs objectifs de neutralité carbone le plus près possible de 2040, principalement à partir de 2050 maintenant, afin de « désamorcer la bombe à retardement climatique ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays riches à relever leurs objectifs de neutralité carbone le plus près possible de 2040, principalement à partir de 2050 maintenant, afin de « désamorcer la bombe à retardement climatique ».

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle « les bénéfices économiques et sociaux d’une limitation du réchauffement climatique à 2 °C dépassent le coût des mesures à mettre en place », assurent encore les experts climat des Nations unies. « Retarder les mesures de limitation et d’adaptation (...) réduirait leur faisabilité et augmenterait les pertes et les dommages », tandis que leur mise en œuvre accélérée et soutenue « apporterait de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l’air et la santé ».

Surtout que « de 2010 à 2019, les coûts ont diminué durablement pour l’énergie solaire (85 %), éolienne (55 %) et les batteries au lithium (85 %) », rappelle la synthèse. Outre l’effet sur le climat, des efforts accélérés et soutenus « apporteraient de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l’air et la santé », écrivent les scientifiques, qui ne cachent pas le prix à payer : « à court terme, les actions impliquent des investissements de départ élevés et des changements potentiellement radicaux ».

« Appuyer sur le bouton avance rapide »

Ce lundi, le secrétaire général de l’ONU, habitué a profité de la sortie de ce « guide de survie » pour appeler les pays riches à avancer leurs objectifs de neutralité carbone « aussi proche que possible de 2040 », contre 2050 aujourd’hui en général, dans le seul but de « désamorcer la bombe climatique ».

Dans un message vidéo à l’occasion de la publication du dernier rapport des experts climat de l’ONU (Giec), Antonio Guterres a souligné que tous les acteurs devaient « appuyer sur le bouton avance rapide », appelant les dirigeants des économies émergentes à aussi faire leur part en s’engageant à « atteindre la neutralité carbone aussi proche que possible de 2050 ».

Ce consensus scientifique du Giec sera la base factuelle des intenses tractations politiques et économiques des prochaines années. À commencer par le sommet climat de l’ONU en décembre à Dubaï, la COP28, où un premier bilan des efforts de chaque pays dans le cadre de l’accord de Paris sera dévoilé et où la question des « pertes et dommages » causés par le réchauffement et déjà subis par certains pays, en particulier les plus pauvres, sera l’un des principaux sujets de discussion.

« La justice climatique est cruciale car ceux qui ont contribué le moins au changement climatique sont affectés de manière disproportionnée », souligne Aditi Mukherji, l’une des auteurs de la synthèse.

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