Dans le gouvernement Borne, des prises de droite qui en disent long

Damien Abad, ici en avril 2020 à l'Assemblée nationale, est nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées (Photo: POOL New via Reuters)
Damien Abad, ici en avril 2020 à l'Assemblée nationale, est nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées (Photo: POOL New via Reuters)

Damien Abad, ici en avril 2020 à l'Assemblée nationale, est nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées (Photo: POOL New via Reuters)

POLITIQUE - Qui dit nouveau gouvernement dit nouvelles prises pour la Macronie. Et au-delà de la surprise Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, regardée avec bienveillance par la gauche, l’équipe concoctée par Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ce vendredi 20 mai compte également quelques recrues de droite, dont une fait particulièrement grincer des dents chez Les Républicains: Damien Abad.

Celui qui occupait le poste stratégique de président du groupe LR à l’Assemblée nationale il y a quelques heures encore a été nommé ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. “Dépasser les clivages pour changer la vie de millions de Français : c’est le sens de mon engagement et j’y consacrerai toute mon énergie”, a expliqué le député de l’Ain sur Twitter, “en congé” du parti de droite depuis jeudi.

Sur le même réseau social, son ancienne famille politique multiplie les attaques en “trahison”, via notamment une vidéo montrant Damien Abad critiquer le ralliement de l’ex-LR Éric Woerth à Emmanuel Macron au mois... de février. Des piques qui témoignent du malaise que provoque cette défection au sein du parti de droite.

Car au-delà des cas Abad, Woerth ou Muselier, le risque est grand pour le parti de Christian Jacob de voir une partie des troupes LR rejoindre la Macronie. “J’espère que ce gouvernement va gagner, et va réussir”, a annoncé ce vendredi le maire LR de La Baule Franck Louvrier, appelant son parti à “tirer les leçons” au regard de son score de “4,78% à l’élection présidentielle”. Une sortie qui intervient alors que plusieurs députés LR, dont Robin Reda et Constance Le Grip, partent déjà aux législatives sous les couleurs de la majorité présidentielle.

Signaux et équilibre politique

La nomination de Damien Abad sonne donc comme un signal envoyé par l’exécutif à la droite “Macron-compatible”, dans le sillage de l’appel lancé par Nicolas Sarkozy à saisir la main tendue par le président de la République. D’autant que le député hérite d’un vrai ministère, et non des fonctions de ministre délégué ou de secrétaire d’État, bien moins prestigieuses, et que cette nomination s’accompagne de celle de Catherine Colonna au Quai d’Orsay.

Diplomate de carrière, l’intéressée est également connue pour avoir été porte-parole du président Jacques Chirac puis ministre déléguée sous Dominique de Villepin. Une façon, là aussi, pour la Macronie, d’envoyer des signaux à toute une frange des Républicains qui ne se reconnaît plus dans un parti qui a tendance à pencher de plus en plus vers la droite, voire à reprendre les mots de l’extrême droite.

Autre recrue venant de la droite, Christophe Béchu. À la différence de Damien Abad et Catherine Colonna, le maire ex-LR d’Angers avait déjà un pied dans la galaxie macroniste, puisqu’il est secrétaire général d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Sa nomination est ainsi à lire à l’aune de l’équilibre politique nécessaire à toute formation de gouvernement, d’autant que l’Angevin hérite des collectivités territoriales, un thème cher à la formation philippiste.

Christophe Béchu avait d’ailleurs lancé en 2019 “La République des maires”. Un réseau d’élus pro-Macron ayant justement vocation à offrir un ancrage territorial à un parti macroniste souvent jugé hors-sol. Une dimension qu’il devrait incarner et approfondir au sein du nouveau gouvernement. “Il n’y a pas de plus grand honneur que de servir son pays, ses territoires et ses habitants”, a-t-il réagi après sa nomination.

À voir également sur Le HuffPost: Mélenchon fustige le nouveau gouvernement mais épargne Ndiaye

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

LIRE AUSSI