Grève du 23 mars : les renseignements se préparent à une « radicalisation » des manifestations

Des actions violentes essaiment en France depuis le recours du gouvernement au 49.3 le 16 mars, pour faire passer la réforme des retraites (Ici, un incendie près d’une station-service TotalEnergies, au Havre, le 21 mars).
Des actions violentes essaiment en France depuis le recours du gouvernement au 49.3 le 16 mars, pour faire passer la réforme des retraites (Ici, un incendie près d’une station-service TotalEnergies, au Havre, le 21 mars).

MANIFESTATIONS - Après le passage en force de la réforme des retraites avec le recours au 49.3, la colère gronde chaque jour plus fort dans l’Hexagone. Des élus locaux font état de manifestations sporadiques de plus en plus violentes et craignent que la neuvième journée de mobilisation ce jeudi 23 mars contre la réforme voulue par le gouvernement ne se transforme en affrontements avec les forces de l’ordre.

« La mobilisation pourrait connaître un nouvel élan au regard de l’émotion suscitée par le recours à l’article 49.3 de la Constitution », anticipe d’ailleurs une note des renseignements, consultée par Le Parisien. 600 000 à 800 000 manifestants sont attendus dans toute la France et 40 000 à 70 000 dans la capitale, précise ce document. C’est plus que les 480 000 manifestants (selon le ministère de l’Intérieur) mobilisés le 15 mars, mais moins que le record du 31 janvier (1,272 million de manifestants selon les autorités), note Le Parisien.

Les renseignements indiquent encore que des centaines de gilets jaunes et « d’éléments radicaux » pourraient se joindre au cortège. Les syndicats craignent que leur présence entraîne une « flambée de violence » et « une défection du public familial, réticent à être mêlé à des exactions et résignés après le rejet de la motion de censure ».

Tous ces éléments pourraient « compliquer l’encadrement des démonstrations de voie publique par les services d’ordre syndicaux, poursuit la note citée par le quotidien. Certains alertent sur le risque de radicalisation et craignent en interne d’être dépassés par leurs fédérations les plus jusqu’au-boutistes ».

Des actions qui dégénèrent en région

Après l’annonce du rejet des motions de censure lundi, la tension est encore montée d’un cran en France : des poubelles ont été brûlées à Paris, des barricades en flammes sur la rocade rennaise ont bloqué la circulation, des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour contenir les manifestants à Lille, des universités ont été envahies par les manifestants…

Ce mercredi, à la veille de la grande mobilisation, plusieurs actions ont dégénéré. Une opération « port mort » a eu lieu au Havre, en Seine-Maritime, rassemblant des salariés de la zone portuaire et des dockers qui ont bloqué tous les accès avec des barricades en feu, comme vous pouvez le voir dans la vidéo du tweet ci-dessous.

Le pont de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, a été totalement bloqué et du mobilier urbain a été incendié. D’après Ouest-France, des manifestants « sont allés provoquer les forces de l’ordre », repoussant une voiture de gendarmes stationnée, « de plusieurs mètres ».

Ces actions font craindre à certains élus locaux une mobilisation plus violente que d’habitude ce jeudi. Après des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre mardi à Nancy, le maire de la ville, Mathieu Klein, a demandé à la préfecture de Meurthe-et-Moselle de prendre des mesures « afin d’éviter la répétition de ce genre de scénario » avant jeudi. « J’ai bien conscience que Nancy n’est pas la seule ville concernée. J’en appelle aussi à la responsabilité de chacun. Je crois qu’il faut poursuivre le mouvement mais il faut aussi respecter l’ordre public, la tranquillité publique » , a-t-il déclaré à France Bleu Lorraine ce mercredi.

La commune de Lannion a, elle, déjà anticipé la possibilité d’échauffourées. Pour la première fois, la manifestation n’aura pas lieu en centre-ville mais en dehors, près de l’IUT et des centres commerciaux. Ainsi, le parcours du cortège a été revu : il partira du parking de l’aéroport à 11 h 30, puis passera dans le parc d’activités de Pégase, indique Le Télégramme.

Le nombre de policiers et gendarmes revu à la hausse

Face à « l’aggravation de la tension dans les rues de Paris ces derniers jours », la maire de Paris Anne Hidalgo a, elle, mis en place une cellule de crise mardi afin d’assurer la continuité des services publics pour les Parisiens et de « les informer en temps réel », précise France 3. Elle rapporte notamment quotidiennement, via des communiqués et sur les panneaux lumineux de la capitale, le parcours des cortèges des manifestants.

Alors que la situation pourrait encore s’envenimer jeudi, Gérald Darmanin a annoncé mardi que « 12 000 policiers et gendarmes » seraient mobilisés en France dont « 5 000 à Paris » pour encadrer cette nouvelle journée d’action. C’est un chiffre record depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Depuis jeudi, date du recours au 49.3 par le gouvernement pour l’adoption de la réforme des retraites, le ministre a affirmé qu’il y avait eu « 855 interpellations en France dont 729 à Paris pour 843 gardes à vue » et « toujours sous l’autorité du parquet ». « Oui à la liberté de manifester, non au désordre, à la bordélisation », a prévenu Gérald Darmanin, en dénonçant les rassemblements sauvages des derniers jours.

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