Haute-Savoie: dans une résidence d'Annemasse, un faux syndic squatte et reloue des appartements
Depuis plusieurs mois, un syndic parallèle a peu à peu pris possession des espaces publics d'une résidence d'Annemasse, avant de s'attaquer à des logements d'où plusieurs locataires ont été expulsés.
Une zone de non-droit. Située en plein centre de la ville d'Annemasse, en Haute-Savoie, la résidence du Clos Greffier se retrouve en plein cœur d'une affaire de squat dont plusieurs colocataires sont les victimes. Depuis maintenant plusieurs mois, certains d'entre eux se sont retrouvés spoliés et expulsés de leur logement par un faux syndicat qui a reloué leurs appartements à de nouveaux occupants, dans l'illégalité la plus totale.
Verrous changés
"C'est arrivé un week-end. Mon locataire était parti faire des courses. Il avait un mot sur la porte avec ses verrous changés lui disant 'venez récupérer vos affaires et vos meubles chez le gardien'", explique à BFMTV Christelle Combépine, propriétaire d'un des appartements concernés.
Derrière cette manœuvre, une habitante d'un appartement voisin, qui, avec d'autres complices, a créé le faux syndicat qui au fil des mois s'est approprié plusieurs zones publiques de la résidence avant de s'attaquer aux biens privés. À ce jour, plusieurs appartements seraient concernés, mais pas seulement.
"On en a identifié déjà quatre, plus une loge qui est normalement commune, qui a elle aussi été privatisée. On a des biens collectifs qui ont également été privatisés, notamment une cour intérieure pour laquelle il y a deux portes qui ont été fermées à clé avec des antivols par ces copropriétaires véreux", détaille sur notre antenne Richard Mikaël, représentant du conseil syndical de copropriété.
"Vous n’avez qu’à le prouver"
La combine est bien huilée. Plusieurs habitants ont vu leur compteur d'électricité changé, et de faux baux donnés aux squatteurs. Comme l'explique Le Parisien, l'une des habitantes, Christelle Combépine, a reçu comme simple réponse lorsqu'elle s'est rendue à son appartement afin de confondre les squatteurs: "Vous n’avez qu’à le prouver." Selon TF1, elle a finalement pu récupérer le logement.
"J'ai eu un peu plus de chance mais ça n'a pas été sans mal", explique-t-elle ce jeudi matin sur BFMTV, en racontant comment elle a pu récupérer son bien.
"Quand j'ai été alertée par mon locataire je suis tout de suite intervenue sur les lieux. (...) Un monsieur est venu, il s'est présenté comme le syndic, j'ai trouvé ça bizarre car il me filmait. Il m'a aussi dit qu'il était le propriétaire. J'ai appelé la police municipale qui est venue à mon secours. Avec un huissier on a réussi à sortir les squatteurs", détaille-t-elle.
Avant l'arrivée des secours, une violente altercation a eu lieu entre l'homme, qui a été interpellé, et la propriétaire, qui s'est vue prodiguer trois jours d'ITT.
"Ils vivent là, à côté de nous"
L'emprise des escrocs sur la résidence semble aller encore plus loin après que des caméras de surveillance ont été installées, notamment dans le hall d'entrée, où sont affichées les coordonnées du vrai syndicat qui a réellement la résidence en charge.
"Ils ont mis des caméras de surveillance sans autorisation et elle (la résidente derrière l'escroquerie, NDLR) habite sur place, elle est constamment là, dès qu'on va changer l'affichage dans le hall avec nos coordonnées, elle se permet de revenir, elle casse les serrures et change les coordonnées", explique à BFMTV Florian De Larue, président du syndic de copropriété "Immobilier du Bassin Genevois", en charge de la résidence depuis 2016.
À ce jour, quatre plaintes ont été déposées et le parquet de Thonon-les-Bains a ouvert une enquête pour escroquerie. Pour sa part, l'habitante qui serait à l'origine de la combine se défend sur le réseau social TikTok et remet en cause la légitimité du syndicat historique.
Du côté des locataires, on se plaint de la réponse lente des autorités alors qu'il "y'a des plaintes sur eux."
"Ils vivent là, à côté de nous, on se croise. La tension monte de plus en plus, hier il y a eu une grosse altercation entre un locataire et un squatteur. Je ne sais pas ce qu'ils attendent pour intervenir, peut-être un drame", conclut Christelle.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Mon logement est squatté : dois-je porter plainte auprès de la gendarmerie ?