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Incendie de la Rue Erlanger : la suspecte présentée aux assises ce 6 février

This handout picture taken and released by the Paris firefighters brigade (BSPP) in the night of February 5, 2019 shows a fire in a building in Erlanger street in the 16th arrondissement in Paris, that killed 8 people. - A woman has been arrested over a deadly blaze that killed eight people in Paris and police are treating the fire as a possible arson attack, a prosecutor said early on February 5. (Photo by Benoît Moser / BSPP - Brigade de sapeurs-pompiers de Paris / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT

L’incendie le plus meurtrier depuis 2005 dans Paris avait rapidement ravagé les huit étages de ce bâtiment en fond de cour, difficile d’accès pour les secours, faisant dix morts.

JUSTICE - L’impressionnant sinistre avait fait dix morts à Paris dans la nuit du 4 au 5 février 2019. L’incendiaire présumée de la Rue Erlanger, dans le XVIe arrondissement de la capitale, sera jugée à partir de ce lundi 6 février devant la cour d’assises.

Cette femme de 44 ans, atteinte d’importants troubles psychiatriques, est suspectée d’avoir mis le feu au deuxième étage de son immeuble du XVIe arrondissement, après un différend avec un voisin.

L’incendie le plus meurtrier depuis 2005 dans la capitale avait rapidement ravagé les huit étages de ce bâtiment en fond de cour, difficile d’accès pour les secours, piégeant de nombreux habitants. Une cinquantaine avaient pu être évacués, mais dix personnes âgées de 16 à 92 ans étaient décédées (asphyxiées par les fumées ou défenestrées). Des dizaines d’autres avaient été blessés, dont huit pompiers.

Ces derniers avaient mis six heures pour maîtriser le feu, qu’ils avaient décrit comme d’une « incroyable violence ».

« T’es pompier, t’aime les flammes, ben ne t’inquiète pas tu vas en voir »

Interpellée en état d’ébriété à proximité de l’immeuble, situé dans un quartier chic près du bois de Boulogne, Essia Boularès avait d’abord nié les faits, avant de les reconnaître en fin d’instruction.

En novembre 2021, elle avait écrit au juge d’instruction, disant regretter son geste et ne pas en avoir réalisé les conséquences. En détention provisoire depuis quatre ans, Essia Boularès « va essayer d’être à la hauteur de l’épreuve » du procès, « ne serait-ce que pour accompagner les parties civiles dans la recherche de la vérité », assure son avocat, Sébastien Schapira, à l’AFP.

Pendant trois semaines, la cour d’assises de Paris entendra ses proches, des pompiers intervenus le soir du drame, ou encore les policiers appelés par un voisin pour nuisances sonores, quelques minutes avant le départ de feu.

« T’es pompier, t’aime les flammes, ben ne t’inquiète pas tu vas en voir », avait-elle lancé à ce voisin qui lui reprochait d’écouter la musique à plein volume.

L’horreur de l’instant, et de l’après

Quarante-cinq rescapés et proches de victimes viendront aussi à la barre. Ils souhaitent « expliquer ce qu’ils ont vécu » lors de cette nuit de cauchemar, « ce qu’ils ont vu » - des voisins qui sautent par la fenêtre, les cris des habitants pris au piège-, résume l’avocate Déborah Meier-Mimran.

Mais aussi raconter « l’après, les galères matérielles, psychologiques, parfois la perte de toute une vie, comme cette dame de 80 ans qui avait toujours vécu dans l’immeuble ». Certains s’interrogent encore sur les normes de sécurité dans l’immeuble ou « les conditions d’intervention des pompiers : pourquoi certains n’ont pas pu être sauvés ? », ajoute-t-elle.

« Ils cherchent à comprendre ce qui s’est passé dans la tête de cette dame. Est-ce qu’elle avait conscience qu’il y avait des familles dans cet immeuble ? Qu’elle allait briser des vies pour toujours ? », explique aussi Sandy Christ Bhaganooa, qui représente la famille d’une mère et de son fils décédés dans l’incendie.

De « taquine et enjouée » à « impulsive » et « violente »

De nombreuses questions tournent également autour du suivi psychiatrique de l’accusée. D’« enfant taquine et enjouée », Essia Boularès était devenue une adolescente « impulsive » et « violente », a raconté sa mère aux enquêteurs.

Son parcours est marqué par une forte consommation d’alcool dès l’âge de 15 ans, puis de cannabis et occasionnellement d’autres drogues. Elle parvient à décrocher son bac et un diplôme de gestion hôtelière, mais alterne avec des séjours en hôpital psychiatrique - une trentaine au total -, en raison de ses addictions ou de bouffées délirantes liées à sa consommation de stupéfiants.

Juste avant le drame, elle avait été hospitalisée sous contrainte à la demande de sa sœur, le 18 janvier 2019. La mesure avait été levée douze jours plus tard, ses symptômes délirants ayant disparu.

Probable diagnostic de personnalité « bordeline »

« Est-ce que ce n’était pas trop tôt ? Peut-être que ce drame n’aurait pas eu lieu », avance Me Bhaganooa. « Le processus légal a été respecté, les policiers intervenus le soir même l’ont décrite comme calme. Personne n’est devin, on ne peut pas refaire l’histoire », tempère Me Meier-Mimran.

Deux expertises psychiatriques ont estimé probable le diagnostic de personnalité « bordeline », trouble caractérisé par une grande instabilité dans les relations sociales et l’image de soi, et des fluctuations d’humeur extrêmes.

Ils ont aussi conclu que son discernement était « altéré » mais pas « aboli » lors des faits, une conclusion qui, si elle est retenue par la cour, lui ferait encourir trente ans de réclusion au lieu de la perpétuité.

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