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J’ai testé le restaurant de Sophia Loren à Florence

Amoureuse de l’Italie, de sa gastronomie et de son cinéma, j’ai trouvé l’endroit de mes rêves avec le tout premier restaurant de Sophia Loren, à Florence. Alors, adresse inoubliable ou repère pour touristes ? Verdict.Quand j’ai appris qu’un restaurant « Sophia Loren » venait d’ouvrir à Florence, mes papilles se sont agitées. Car Sophia Loren n’est pas qu’une star internationale, c’est aussi l’incarnation de la vraie mamma italienne. En parallèle de sa carrière, elle a même écrit de nombreux livres de cuisine -« In the kitchen, with love », en 1971 ou « Recipes and Memories » en 1998 - et est indissociable d’un bon plat de pasta. Alors, à l’idée d’avoir un menu validé par l’actrice et pouvoir manger aussi bien que Carlo Ponti - son seul amour, décédé en 2007 - et ses deux fils, le programme était appétissant. Je pars donc pour Florence, tout en me posant cette question : pourquoi avoir choisi cette ville pour y ouvrir le premier restaurant de Sophia Loren — les propriétaires ont le projet d’en faire une chaîne, qui s’étendrait partout dans le monde — alors que l’actrice, née à Naples, ayant fait ses gammes à Rome, puis à Paris, avant de vivre à Genève, n’a aucun lien avec cette ville ? Par ailleurs, la gastronomie florentine, comme la vénitienne, ne ressemble pas à l’image de celle que l’on se fait de l’Italie, faite de pâtes et de pizzas. On y concocte plutôt de la ribollita (soupe à base de choux noir et haricots) ou du lampredotto (tripes tranchées finement), des spécialités totalement exclues de la carte « Italian original food » que le restaurant Sophia Loren propose. Serait-il donc un refuge pour touristes qui, entre deux visites à la Galerie des Offices, préfèrent des pappardelle aux abats ? Ne voulant juger qu’après dégustation, je mets mes a priori de côté et me rend là-bas, rêvant d’une dolce vita gustative.Lady LLe « Sophia Loren’s restaurant » est situé à une rue du célèbre Duomo, et est donc un haut lieu de passage pour les étrangers. Une réalité que Dario Chan, le propriétaire, essaye d’atténuer : « Nous ne voulons pas spécialement nous adresser aux touristes. L’idée, c’est de faire une cuisine ‘comme à la maison’, qui peut également plaire aux habitants de Florence ! » Une justification faisant écho au site, qui écrit : « La star n’a jamais perdu de son authenticité et fait d’elle, encore aujourd’hui, le symbole unique de la culture du peuple ». On imagine donc une carte abordable, avec des portions généreuses et gourmandes. Sauf que les spaghetti aux tomates-basilic sont déjà affichés à 13 €, contre 8 € ailleurs. On pardonnera toutefois cet excès, car les « primi piatti » sont concoctés par le chef Gennaro Esposito, dont l’un des restaurants possède une étoile au Guide Michelin. Le prix en vaut (peut-être) la chandelle.Mais d’abord, les cocktails signatures attirent l’attention. Chacun porte en effet le titre d’un film de la diva transalpine. On retrouve ainsi « La Ciociara » (tequila / amaretto/ mezcal et citron), « Le Prêt-à-porter » (Appleton 8 ans d’âge infusé au raisin / liqueur de framboise, orange amère / citron / sirop de sucre) ou encore « L’Arabesque » (Bourbon / Vermouth / crème de pêche / copeaux de chocolat). Des cocktails herbacés avec des notes épicées, qui s’accordent à merveille avec la personnalité de l’actrice. Siroter de tels breuvages dans un décor tapissé de photos de Sophia Loren, le combo est parfait. Côté décoration en effet, tout est fait dans la finesse. Les sièges en velours aux couleurs pastel, les luminaires au plafond, les sublimes portraits de Sophia Loren (mention spéciale à la fresque derrière le bar) jusque dans le design des assiettes, c’est chic, mais… pas décontracté. J’ai davantage l’impression d’être dans un resto branché du 11e que dans la casa de la mamma pourtant revendiquée, mais l’ensemble est accueillant.Un repas particulierLa première désillusion intervient lorsque l’entrée arrive. Je n’ai pourtant pas fait d’extravagances, et suis restée dans la sobriété des tomates caprese. Encore faut-il que la mozzarella di Buffala soit à la hauteur. Au milieu de trois tomates-cerises coupées en deux, elle était posée là, décorée d’une feuille de basilic. À la découpe, elle était déjà trop ferme. J’ai même ressenti une pointe de tristesse pour cette pauvre mozzarella, aussi sèche qu’un galet en plein soleil : « L’habit ne fait pas le moine » était mon mantra. Mais elle ne respectait malheureusement pas l’adage et son goût était semblable à apparence. Le serveur a tenté de se justifier : « cela dépend des arrivages ». Heureusement que, ce jour-là, je n’ai pas joué à la loterie.Je jette ensuite mon dévolu sur les linguine alle vongole, mon pêché mignon. Mon assiette arrive, très généreuse, mais j’ai plus d’huile d’olive dans mon plat que de palourdes, dont les coquilles sont désespérément vides. Cela devait dépendre encore des arrivages, sans doute. Heureusement, le tiramisu sauve un peu les meubles, mais l’ensemble, moyen, me fait douter : Sophia Loren a-t-elle réellement goûté ces plats ? : « Oui », m’assure le propriétaire : « Elle est venue pour l’inauguration et a adoré l’endroit. » Moi, un peu moins, mais je repars avec une bougie parfumée estampillée du nom de l’actrice, vendue parmi un certain nombre de produits dérivés. Et rien que pour cela, ça vaut le détour !