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Jadot propose d'"abroger" la loi de 2016 sur la prostitution, puis nuance face aux critiques

Yannick Jadot propose d'
Yannick Jadot propose d'

POLITIQUE - Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, qui avait mercredi promis “l’abrogation de la loi d’avril 2016 ‘contre le système prostitutionnel’”, a dû rectifier ce vendredi 3 décembre en évoquant une “expression raccourcie et caricaturale”, après les réactions indignées de nombreuses féministes.

Dans une série de tweets publiée mercredi à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, Yannick Jadot avait proposé :“Abrogation de la loi d’avril 2016 contre le système prostitutionnel″.

La loi du 13 avril 2016 a marqué un changement culturel sur la prostitution: elle a abrogé le délit de racolage et elle permet de verbaliser les clients.

De nombreuses féministes ont aussitôt réagi au tweet de l’élu écologiste. “La honte absolue pour EELV. Une faute historique et antiféministe”, a tweeté le collectif Osez le féminisme.

“Yannick Jadot: défendre le privilège masculin de pouvoir imposer des pénétrations sexuelles contre de l’argent, c’est justement ce que veut Zemmour2022”, a ajouté la porte-parole du collectif, Céline Piques, sur twitter.

D’autres ont diffusé le message: “Les féministes ne voteront pas pour Yannick Jadot”.

L’ancienne ministre socialiste aux Droits des femmes Laurence Rossignol s’est aussi indignée: “On croyait Yannick Jadot candidat de l’écologie. C’est aussi celui du système prostitutionnel, du lobby des clients et de la marchandisation du corps des femmes. Toutes mes pensées aux féministes qui luttent contre les violences machistes et soutiennent ce candidat”.

Le vice-président de la métropole Grand-Paris, Luc Carvounas, a dit, en tant que “féministe”, “condamner le système prostitutionnel comme la marchandisation du corps des femmes”. Et de dénoncer: “En pleine affaire Hulot on attendait que Jadot défende les femmes sans leur supprimer des droits acquis”.

La loi de 2016 “n’a pas résolu” certaines “situations intolérables”

Yannick Jadot a rectifié vendredi sur Twitter en se disant “contre l’exploitation du corps des femmes (très majoritairement) et des hommes, et la traite des êtres humains”.

“Il n’y a aucune équivoque”, a-t-il assuré, disant comprendre “les critiques qu’une expression raccourcie et caricaturale dans un tweet a pu susciter”. Mais il explique que “l’évaluation de la loi de 2016 a montré qu’elle manque de moyens dans la lutte recherchée contre la prostitution et n’a pas résolu ces situations intolérables, tout en laissant de trop nombreuses personnes concernées sans protection ni soins appropriés”.

Affirmant que son objectif était “l’efficacité”, il a indiqué avoir demandé à la sénatrice EELV Mélanie Vogel et à l’écoféministe Sandrine Rousseau “d’auditionner les associations pour affiner les propositions précises qui seront inscrites dans notre programme”.

Une détérioration des conditions de travail

Cinq ans après son adoption, la loi qui pénalise les clients de prostituées divise toujours. Pour ses détracteurs, elle a accru la précarité des travailleuses du sexe. Pour les associations communautaires de “travailleurs et travailleuses du sexe” (TDS), la disposition-phare de la loi de 2016 est à l’origine de “conséquences désastreuses”, notait Le Monde en avril dernier.

Parmi elles: une insécurité et une plus grande vulnérabilité des professionnelles, liée à la raréfaction des clients, ainsi que l’essor de pratiques néfastes telles que des rapports sexuels sans protection, des baisses de tarifs ou des tentatives de ne pas payer.

“80 % des travailleuses du sexe avec qui nous échangeons nous parlent d’une détérioration des conditions de travail”, affirmait alors Teodora Niculescu, elle-même TDS et intervenante à l’association de santé communautaire Paloma, à Nantes. Elle évoquait une “perte de pouvoir dans la relation avec le client” depuis 2016. D’autres porte-parole d’associations locales (Grisélidis, à Toulouse, et Cabiria, à Lyon) ont relaté une “hausse des violences” et une “précarisation accrue”, conséquence aussi du Covid-19.

À voir également sur Le HuffPost: Extrait de “A 15 ans, ma fille se prostitue”, l’enquête de Zone Interdite sur la prostitution des mineures

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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