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Des jeunes délinquants vont pouvoir effectuer des stages au sein de l'armée

Image d'illustration - Photo du badge d'un soldat français  - Ludovic MARIN / AFP
Image d'illustration - Photo du badge d'un soldat français - Ludovic MARIN / AFP

300 jeunes actuellement placés en centre éducatif renforcé (CER) se verront proposer un "parcours d'inspiration militaire" au sein de l'armée, après le "succès" d'expérimentations, ont annoncé jeudi les ministères de la Justice et des Armées. Ils pourront désormais demander à participer à des stages de cinq semaines encadrés par des militaires.

"Ce sont des jeunes qui sont enfermés dans des centres éducatifs et qui vont sur la base du volontariat aller faire un stage chez les militaires. On a déjà vu les résultats", a assuré le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, relayé par France 3.

"L'emprisonnement n'est pas toujours la solution", explique ce vendredi sur BFMTV Céline Boulay-Esperonnier, sénatrice LR, rapporteuse du rapport "Prévenir la délinquance des mineurs - éviter la récidive". Il est donc "important de proposer des mesures alternatives qui peuvent remettre le jeune dans la bonne direction, notamment dans la direction de la réinsertion."

"50% des jeunes mineurs qui ont fait des méfaits sont dans des situations de reproduire ces méfaits, de récidiver dans les 5 ans qui suivent (...) il faut enrayer cela", déclare-t-elle.

Trois expérimentations menées en amont

Ces cinq semaines seraient composées de deux semaines en pleine nature avec des activités physiques, des marches, de l'escalade, des bivouacs, du secourisme ou encore de la course d'orientation.

Jusqu'ici, trois expérimentations avaient été lancées depuis l'annonce du dispositif en juillet 2021, notamment à Coëtquidan (Morbihan), avec pour objectif de "favoriser l'insertion sociale et professionnelle des mineurs et jeunes majeurs" pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Le bilan de ces expérimentations s'est révélé "très positif", notamment en termes de "parcours d'insertion professionnelle" des participants, selon le ministère de la Justice. Aussi, "les parcours d'inspiration militaire seront généralisés à l'ensemble des centres éducatifs renforcés", sur la base du volontariat et après accord de la PJJ.

Pour encadrer les participants, le ministère compte faire appel à "des militaires retraités" qui travailleront aux côtés des professionnels de la PJJ.

"Bien sûr ce n'est pas la mission prioritaire des armées, et c'est la raison pour laquelle nous ferons appel à des cadres qui viennent de quitter le service actif, aguerris, et qui ont surtout un sens de la pédagogie", explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV.

Au total "1000 jeunes participeront"

Étienne Liebig, éducateur, est sceptique sur les effets de cette méthode. Il rappelle sur notre antenne que la vie à la dure n'est pas forcément une solution et que ces jeunes délinquants ont potentiellement été victimes d'une éducation "extrêmement dure", voire de violences physiques dans leur enfance.

"Cela peut fonctionner s'ils sont totalement d'accord pour partir et s'ils sont d'accord au départ pour accepter les règles qui sont imposées, qui sont celles de l'armée", déclare-t-il.

"Il ne s'agit pas de former des militaires", souligne le général Jérôme Pellistrandi. "Il s'agit de prendre des jeunes qui auront été sélectionnés, en phase avec le ministère de la Justice, qui sont en difficulté, et on va essayer de leur apporter un savoir-être et surtout du collectif."

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, ont également signé jeudi une convention pour faciliter l'accès des jeunes délinquants au service militaire volontaire (SMV), via un court stage de découverte de ce dispositif. Une convention pour développer la possibilité de réaliser des travaux d'intérêt général (TIG) au sein de l'armée a aussi été signée.

Au total "1000 jeunes participeront" à ces trois dispositifs - parcours d'inspiration militaire, découverte du SMV et TIG au sein de l'armée, estime la Chancellerie.

Article original publié sur BFMTV.com