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JO Paris 2024 : un « nettoyage social » en cours à Paris, dénoncent les associations humanitaires

Une évacuation de camp de migrants afghans au nord de Paris fin 2022 (Photo d’illustration).
JULIEN DE ROSA / AFP Une évacuation de camp de migrants afghans au nord de Paris fin 2022 (Photo d’illustration).

JO PARIS 2024 - Une action choc pour alerter sur les décisions politiques à l’encontre des populations marginalisés. Dans la nuit de dimanche à lundi, un collectif de militants a utilisé les murs du bâtiment du comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) à Saint-Denis pour y projeter un message dénonçant ce qu’ils considèrent comme du « nettoyage social » dans la région Île-de-France à l’approche des JO de Paris 2024.

Projeté vers 23h sur l’édifice ce dimanche 29 octobre, le message « Le revers de la médaille » s’est imposé par-dessus le logo des JO de Paris et les célèbres anneaux olympiques. Sur place, l’AFP a également constaté que des affiches avaient été placardées par des « dizaines d’acteurs associatifs », comme on peut le voir sur les images relayées par l’association Utopia 56.

Des gestes qui s’expliquent par l’inquiétude grandissante de nombreuses associations franciliennes. Car elles voient dans le démantèlement des campements informels, le déplacement « forcé » de sans-abri, les évacuations de foyers de travailleurs immigrés ou encore l’interdiction des distributions alimentaires (une décision depuis retoquée par la justice), une manière de redorer l’image de la capitale et sa région avant l’arrivée massive de visiteurs l’été prochain.

Parmi les slogans visibles dimanche soir, on retrouvait par exemple : « PLUS VITE pour vider l’Île-de-France des populations précarisées », « PLUS HAUT vers l’exploitation des travailleurs sans-papiers », « PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue » ou encore « ENSEMBLE exigeons la prise en compte des personnes exclues ». Des messages placardés aux alentours du siège du Cojo.

Un constat amer relayé par Paul Alauzy, porte-parole de l’ONG Médecins du monde pour la région parisienne, auprès de l’AFP : « Ça a déjà commencé très fort (...). Il y a un impact négatif des JO sur les personnes à la rue, c’est ce revers de la médaille, ce nettoyage social des rues qu’on veut rendre visible : on parle de centaines, voire de milliers de personnes dont on détruit les lieux de vie informels »

Lettre ouverte au Cojo

Dans une lettre ouverte destinée au Cojo, aux athlètes et aux fédérations, les 70 organisations à l’initiative de ce happening détaillent, ce lundi 30 octobre, les raisons de leur mobilisation. « L’expérience des méga événements sportifs dans le monde révèle un risque avéré de ’nettoyage social’ des rues. Ce dernier est devenu la procédure standard pour de nombreuses villes hôtes des Jeux olympiques depuis les années 1980. À ce jour, tout porte à croire que les JO-2024 s’inscrivent dans cette dynamique »

Comme le relève le collectif Schaeffer, signataire de la lettre ouverte, environ 4 100 ressortissants de pays africains ont été déplacés du département Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie.

À ceux-là s’ajoutent les plus de 1 600 personnes transférées en l’espace de six mois dans des « sas » d’hébergement régionaux, ouverts depuis avril par le gouvernement pour y orienter les personnes migrantes et à la rue en Île-de-France. Mais dans ces centres, l’hébergement d’urgence est déjà saturé.

Comme proposition pour endiguer ces mesures, les associations se disent prêtent à intégrer les comités de pilotage des JO grâce à leur connaissance du terrain. Elles appellent par ailleurs à « garantir une continuité de la prise en charge des personnes en situation de précarité et d’exclusion, avant, pendant et après les Jeux » olympiques, qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024.

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