Khashabiyeh, un sanctuaire inédit au cœur du désert

De gigantesques pièges baptisés "cerfs-volants du désert" ont été découverts en Jordanie. Jusque-là méconnues dans cette région du Proche-Orient, ces structures liées à des chasses de masse dévoilent une installation rituelle sans précédent.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°903, daté mai 2022.

À première vue, il ne s'agit que d'une vaste étendue de sable et de cailloux, bordée par un escarpement d'une cinquantaine de mètres de hauteur : Khashabiyeh, ou précisément Jibal al-Khashabiyeh, est situé dans une immense dépression, un paléolac au sol craquelé et brûlé, localisé à plus de 300 km à vol d'oiseau au sud-est d'Amman, la capitale du royaume hachémite. C'est pourtant là, sur ce plateau désertique ou hamada, que les Bédouins nomment d'un enchanteur Ardh as-Suwan (la "terre du silex"), qu'une équipe de chercheurs franco-jordaniens - la Mission archéologique du sud-est jordanien - a découvert des desert kites, ou "cerfs-volants du désert". C'est-à-dire d'imposants alignements de pierres, plus visibles du ciel que du sol, identifiés au début du 20e siècle lors du survol des steppes basaltiques de la Syrie et de l'Arabie saoudite, mais qui n'avaient jamais été repérés dans l'univers calcaire de la plaine jordanienne. Des mégastructures constituées de longs murets convergeant vers un enclos ponctué d'éléments circulaires, s'étendant sur plusieurs kilomètres, et dont le nom fut attribué en raison de leur ressemblance, vues du ciel, avec des cerfs-volants. Nommés localement masayed hajariyyah, ces murets assez peu élevés (de 30 à 40 cm) composaient des pièges empierrés liés à des chasses de masse, que des découvertes viennent pour la première fois d'associer, dans tout le Proche-Orient, à des populations de chasseurs préhistoriques.

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Crédit : Bruno Bourgeois

De l'Arabie au Kazakhstan

Les "cerfs-volants du désert" sont des structures spectaculaires disséminées dans les paysages arides du Moyen-Orient et du sud-ouest de l'Asie. Quasi invisibles au sol, c'est avec le développement de l'aviation que ces prodigieux alignements de pierres de plusieurs kilomètres de long ont attiré l'attention d'archéologues pilotes tels que le père Antoine Poidebard (1878-1955) au début du si[...]

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