L'édito de ELLE : « Il était une fois Joan Didion »

Elle s'est éteinte le 23 décembre dernier dans son appartement de Manhattan, des suites de la maladie de Parkinson. Il n'est pas impossible que Joan Didion, connue pour son sens exceptionnel du récit et de la noirceur, ait sciemment décidé de clore cette annus horribilis en nous assommant avec cette ultime mauvaise nouvelle. Un dernier coup de théâtre avant le tomber de rideau. Immense auteure de la contre-culture américaine, pionnière du journalisme littéraire, observatrice brillante, elle a fait de ses livres des chefs-d'œuvre dont les mots ondulent dans notre cerveau longtemps après leur lecture. Dans cette époque où la mort est si tragiquement omniprésente, où les assauts du Covid nous ont privés d'êtres chers, il est urgent de replonger dans son ouvrage sorti, en France, en 2007 : « L'Année de la pensée magique ». Un de ses plus beaux essais, devenu un classique de la littérature américaine. Elle y fait le récit sobre, bouleversant d'honnêteté, du deuil de son mari, l'écrivain John Gregory Dunne, brutalement décédé d'une crise cardiaque alors que leur unique fille était hospitalisée dans un état grave pour une pneumonie. Sans pathos, Didion inspecte de manière quasi journalistique la sidération, la souffrance, le cheminement vers l'acceptation de ce drame personnel. Et universel. Sans en faire état, elle plaque dans sa prose le courage nécessaire pour avancer et se mesurer à la tâche, parfois injuste, de la vie humaine. On y...

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