L'édito de ELLE : « Matzneff, dire pour survivre »

Le dire, ou pas. Trouver les mots, ou pas. Ne pas se laisser ensevelir sous le plomb du silence, du secret, de la honte. Question de survie. Toutes les victimes d'inceste et d'abus sexuels dans l'enfance le savent : le langage est au cœur du problème. À 63 ans, Francesca Gee, victime de Gabriel Matzneff avant Vanessa Springora, parle. Dans ELLE, dans un documentaire sur France 2, dans un livre qu'elle publie à compte d'auteur. Se faire entendre, elle aura passé sa vie à en chercher les moyens, écrivant et réécrivant son histoire et son traumatisme, depuis sa solitude hantée par l'écrivain pédophile. Il peut dormir tranquille, les faits dénoncés sont prescrits. Même le procès prévu le 28 septembre, après la plainte de l'association L'Ange bleu pour « apologie de la pédocriminalité », n'aura pas lieu, pour une raison de procédure. Aucun mot nommant ses crimes ne résonnera dans l'enceinte d'un palais de justice.

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« L'inceste est une condamnation à vie »              

Le corps-à-corps avec le langage pour se sauver, Christine Angot sait de quoi il s'agit. Victime de l'inceste commis par son père, l'écrivaine – qui a quasiment le même âge que Francesca Gee – a passé sa vie à chercher les mots justes, au fil de ses nombreux romans. Elle a déjà tout dit ? Elle y revient une fois encore : « L'inceste est une condamnation à vie »,...

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