Le mannequin Iskra Lawrence nous encourage à tirer profit des moqueries sur le physique

Iskra Lawrence a entendu dire qu’elle était “trop grosse” pour entrer dans l’industrie de la mode, mais également qu’elle était “trop menue” pour le mannequinat grandes tailles, ce qui a représenté un vrai tournant dans sa vie.

“Tous ces ‘tu ne peux pas faire ça, ‘tu es trop grosse ou trop menue’ m’ont motivée”, confie-t-elle à Yahoo Style UK à propos de cette révélation. “Je savais que les choses devaient bouger”.

Depuis, le mannequin et activiste fière de son corps s’est donnée pour mission de transformer l’industrie de la mode, mais également de modifier notre façon de pensée en ce qui concerne la manière dont nous parlons et considérons nos corps.

La jeune femme de 28 ans vient de lancer sa propre plateforme numérique EveryBODY with Iskra, et encourage ses 4 millions de followers sur Instagram à apprendre à prendre soin de leur corps et à reconnaître la beauté de la diversité physique.

La nouvelle plateforme propose une toute nouvelle approche vis-à-vis de la santé et du bien-être physique et mental, et inclut et accepte tout le monde et tous les types de corps (d’où son nom !).

Le programme ignore les ‘avant/après’ chocs et préfère proposer des entraînements à tout moment et à n’importe quel endroit, des idées de repas et une bonne dose d’encouragement pour s’aimer tel qu’on est.

“Il ne s’agit pas d’humilier les gens à cause de leur forme physique actuelle, il s’agit de les encourager à aimer leur corps afin qu’ils prennent mieux soin de lui”, confie Iskra.

Pour célébrer, nous nous sommes entretenus avec Iskra lors d’une pause entre deux séances photos afin d’évoquer le fait de prendre confiance en soi, se relever après un échec et parvenir à tirer profit des moqueries.

Prendre soin de soi concerne tout le monde

J’ai lancé EveryBODY car j’étais frustrée de constater le manque de diversité et d’inclusion dans le monde de la santé et du fitness. Tant de femmes que je connais ont peur d’enfiler des leggings ou d’aller à la gym. Elles ne se retrouvent pas dans ces images de femmes super minces avec des abdos en acier, et elles n’ont pas toujours envie de ressembler à ça non plus. Même les avant/après peuvent être trop extrêmes et parfois on a juste envie d’apprendre à prendre soin de soi de manière délicate, afin d’incorporer des changements personnels très facilement, sans trop de privations ou de difficultés. Le but du programme est d’informer délicatement les membres qu’ils ont le droit de s’aimer eux-mêmes, d’aimer cuisiner, d’aimer la nourriture et les exercices sans avoir à s’inscrire à la gym ou acheter tout un tas d’équipements.

Nous devons interdire le mot ‘devrions’

On se sent forcés de suivre des régimes, d’aller à la gym, de manger des produits sains, tout ça car nous “devrions” le faire. Mais cette expression est associée à un sentiment de culpabilité. Vous prenez soin de vous pour vous, et personne d’autre. Et ça devrait être une priorité.

Votre corps n’appartient qu’à vous

J’ai créé le buzz il y a quelques années lorsque quelqu’un m’a dit d’arrêter les chips et m’accusait d’être responsable du mauvais état de santé de certaines personnes. Je ne me suis pas laissée faire et j’ai mangé les chips. Et ça permis à beaucoup de gens de prendre confiance en eux. Ne me dites pas ce que je peux faire de mon corps et de ma vie. Je fais ce que je veux.

Il faut du temps pour apprendre à aimer son corps

On ne nous apprend pas à le faire. J’avais l’habitude de voir mon corps comme l’ennemi, vu que l’industrie de la mode me disait que je devais être plus grande et plus mince. Et physiquement, ça n’était pas possible. Mes hanches étaient toujours trop grandes, même quand je me privais de nourriture et faisais des exercices. Mais, vous ne pouvez pas penser que votre corps est l’ennemi quand il s’agit en fait de votre maison. Il m’a fallu du temps pour comprendre ça, mais aujourd’hui je ne me soucie plus de l’espace entre mes cuisses ou d’un peu de cellulite. Il s’agit de réviser ses priorités, l’important, c’est ce que votre corps peut faire, pas à quoi il ressemble.

‘Tu suffis amplement’ est un message que j’aurais aimé me transmettre il y a quelques années

Le doute peut infiltrer tous les aspects de notre vie, car on commence à douter de soi. Mais, nous méritons tous de nous sentir méritants. À un moment, j’ai compris que c’était mon cas et que je n’accomplissais rien, je ne prenais pas de risques, je n’essayais pas de nouvelles choses car je doutais de moi, à cause d’insécurités ridicules. Du coup, je conseille aux jeunes personnes de ne jamais laisser les doutes personnels les retenir dans la vie.

Soyez motivés par le rejet

J’ai passé six ans à essayer de répondre aux critères de l’industrie de la mode, et puis j’ai entendu parler du mannequinat grandes tailles, je me suis rendue dans une agence avant d’apprendre que j’étais trop menue. Je pensais vraiment qu’ils rigolaient, c’était n’importe quoi, comment était-ce possible que le choix se porte entre ces options ? J’aime le fait que tout le monde est différent. J’ai donc décidé que les choses devaient évoluer. Je souhaitais prouver que les choses pouvaient être gérées différemment, et c’est devenu ma motivation. Au lieu de transformer mon corps, j’ai investi toute mon énergie pour essayer de transformer l’industrie.

Relevez-vous suite à un échec en vous faisant sourire

Et entourez-vous de gens qui vont vous aider à vous relever. Il est important de faire des choses qui vous rendent heureux. Les listes de gratitude sont géniales aussi. Ma coloc n’aime pas son boulot en ce moment et lutte avec des problèmes de harcèlement au travail, elle crée donc des listes de gratitude : ‘J’ai mangé mon muffin préféré aujourd’hui’ ou ‘le soleil brillait’.

‘Tu es imparfaitement parfaite’ est devenu mon mantra

Je souffrais d’un complexe de perfection qui se manifestait de manière négative quand j’étais obsédée par la perte de poids. En tant que perfectionniste, je ne voulais pas abandonner. J’ai arrêté de me sentir coupable à propos de ce que je mangeais et ce que je refusais en commençant à réaliser que personne n’était parfait et en intégrant cette idée dans d’autres domaines de ma vie. Il faut comprendre qu’on a le droit de rater certaines choses, l’échec fait partie de la vie et cette leçon m’a aidé à retirer un peu de pression de mes épaules. Nous sommes notre pire ennemi alors que nous devrions être notre meilleur ami.

Le mouvement qui encourage les autres à se sentir bien dans leur peau est crucial

Mais, il y a encore pas mal de chemin à parcourir. Nous ne pourrons jamais voir chaque personne représentée dans les médias, mais d’incroyables campagnes et marques réalisent de grandes choses. C’est pourquoi j’adore Aerie et L’Oreal, ils s’attaquent à divers sujets, comme la diversité des couleurs, de l’âge, des handicaps, pas seulement des tailles. En attendant, ce mouvement qui encourage les gens à se dire qu’ils sont beaux tels qu’ils sont est tellement important. Il est impératif de ne pas constamment entendre que nous ne suffisons pas.

La manière dont nous parlons des femmes doit changer

Chaque article écrit à mon sujet mentionne ma taille ou des informations sur mon corps. En tant que mannequin, je comprends que j’évolue dans cette industrie et c’est difficile de ne pas mentionner ça, mais je le constate partout. Les couvertures de magazines qui continuent de ridiculiser les personnes en surpoids ou qui montrent la cellulite des gens, tout ça doit changer car nous sommes bien plus que ça. Nous n’avons pas envie d’ouvrir un magazine et d’être choqué de voir un mannequin de taille différente à l’intérieur. Nous aurons fait de vrais progrès lorsque nous ne serons plus choqués.

Être plus malin que ceux qui se moquent

Je me dis toujours que plus rien ne peut m’atteindre grâce à ma carapace, mais certains jours, des commentaires peuvent tout de même me blesser. Parfois, je gère la situation en bloquant et en effaçant les commentaires avant de reprendre mon rythme normal, ou alors j’essaie de transformer la situation. Quelqu’un m’a dit que j’avais les seins flasques et que je devrais me faire opérer. J’ai donc écrit une histoire afin d’expliquer que tous les seins naturels ont des tailles et des forme différentes, certaines d’entre nous ont un seul sein, d’autres n’en ont aucun, mais ils sont là pour aider les enfants à grandir, pas pour être traités comme des objets et admirés par les hommes. C’était chouette d’avoir une discussion positive à partir d’un message supposé être négatif.

Effectuez un bilan de santé sur les réseaux sociaux

Assurez-vous de suivre des gens qui vous encouragent à vous sentir bien et des comptes qui vous inspirent, que vous appréciez. Arrêtez de suivre les personnes qui vous rendent jaloux ou négatifs. Faites-le pour vous et ne regrettez rien. Les réseaux sociaux peuvent être fantastiques pour rester connectés et se battre pour des objectifs communs, mais il est essentiel de savoir les utiliser comme il faut.

Il est important de parler de ses démons

Je ne pense pas que nous devrions faire semblant d’être surhumains, surtout les célébrités. Vous avez la responsabilité de montrer que vous êtes également humain quand des gens vous suivent : pour prouver à cette jeune fille à la maison qui pense ne jamais pouvoir se sentir aussi à l’aise que moi en bikini, et qui pense que je ne souffre pas d’insécurités, que j’ai un peu peur d’enfiler un bikini à cause de ce bourrelet sur mon dos ou autre. Les magazines et les réseaux sociaux montrent une version filtrée de la vie, c’est intimidant et on ne peut pas s’y identifier. Le fait de montrer que vous n’avez pas d’armure impénétrable fait une vraie différence.