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Les enseignants ont-ils besoin d’un code vestimentaire ?

Les responsables d’une école communautaire à Dubuque, en Iowa, ont demandé aux membres de leur corps professoral de s’habiller de façon plus professionnelle et de donner l’exemple en ce qui concerne leur tenue vestimentaire.

Les enseignants de Dubuque, en Iowa, doivent se conformer à un nouveau code vestimentaire. (Photo : Getty Images)

D’après le Telegraph Herald, les dirigeant du conseil scolaire ont mis en place un ensemble de lignes directrices (qu’ils font attention de ne pas appeler « règles ») afin d‘aider les enseignants à s’habiller de façon plus professionnelle et cohérente. Si un enseignant porte des vêtements contraires aux lignes directrices, alors il lui sera demandé de se changer — et le vêtement en question pourra être interdit.

« Nous essayons d’apporter un niveau de professionnalisme au quartier, ce n’est pas juste un accord entre deux bâtiments », a déclaré au site le surintendant Stan Rheingans. Le pouvoir en place ne souhaite pas de scandale ; il est simplement demandé aux enseignements de s’habiller de façon « acceptable dans un environnement professionnel », citant les tongs, les pantalons de yoga et les t-shirts graphiques comme exemples de vêtements inacceptables.

Les responsables de l’école espèrent que les nouvelles normes vestimentaires encourageront les employés à devenir des modèles positifs et à « engendrer plus de respect venant des élèves », explique le vice-président du conseil scolaire Tami Ryan. Et ce n’est pas rien, étant donné que les étudiants se réfèrent d’abord à leurs professeurs.

Les codes vestimentaires ne sont évidemment pas nouveaux dans les écoles, tout comme la controverse qui les entoure. Les règles sont généralement imposées aux étudiants, voilà pourquoi la décision des responsables de Dubuque est intéressante. Le sexisme et la discrimination ont été le point central de nombreux scandales vestimentaires durant les dernières années.

Selon un article du Guardian, « L’application des codes vestimentaires enseigne [souvent] la honte aux jeunes filles, pas la modestie ». L’article cite une étudiante de Virginie expulsée de son bal de promo parce que sa robe incitait les « les pensées impures » chez les chaperons masculins, ainsi qu’un lycée d’Illinois qui a expulsé des filles qui portaient des leggings car cela représentait trop de « distraction pour les garçons ». Que ce soit juste ou non, les lignes directives de Dubuque contre tout ce qui serait « révélateur ou provocant » s’adressent également aux enseignants.

Les codes vestimentaires font leur apparition dans les salles des professeurs, cependant, ils ne sont pas nouveaux dans les bureaux. En général, les règles sont assez standard, et les « vendredis décontractés » sont relativement communs. Mais parfois, le code vestimentaire des bureaux va au-delà — comme dans le cas très médiatisé (et ridicule) de la banque suisse USB et ses 44 pages de code vestimentaire interdisant le vernis à ongles noir et les « barbes indisciplinées », et incluant même, selon la BBC, des conseils sur l’hygiène personnelle. Il y a aussi le cas d’un groupe de stagiaires qui ont été licenciés en masse après avoir protesté contre le code vestimentaire de leur travail à cause d’un problème de chaussure concernant leur collègue handicapé.

Scandales mis à part, à la base, les codes vestimentaires ont été un moyen en constante évolution de maintenir la bienséance dans un cadre officiel. Le New York Times cite « Le mouvement du vendredi décontracté des années 90 et le succès de Facebook I.P.O. en 2012 avec ses milliardaires en sweat » comme raisons possibles de l’assouplissement des tenues professionnelles. Cela dit, « l’égalité des sexes » et la « fluidité » ont également été citées comme raisons du changement d’attitude en matière de tenues de travail. Exemple : en raison de nouvelles lignes directrices établies par la Commission sur les droits de l’Homme de la ville de New York, les employés n’ont plus à porter de cravates, de talons ou quoi que ce soit « basé sur le sexe ou le genre ».

C’est peut-être à cause de cette controverse — dans les classes, les bureaux et même les bals de promo — que les nouvelles lignes directives de Dubuque ont l’air si audacieuses. Ou bien peut-être est-ce parce que le quartier égalise le débat du code vestimentaire en mettant les tenues des enseignants aux même normes que les tenues des élèves.

Ou bien est-ce simplement que Dubuque considère l’enseignement comme une carrière aussi importante et légitime que la banque et le droit. Comme l’a dit le vice-président du conseil scolaire de Dubuque, Tami Ryan, « Nous voulons faire passer le message que [l’enseignement] est une profession. Habillez-vous de façon professionnelle ».

Kristine Solomon

Écrivaine Style et Beauté