Les poires et poudres vaginales pourraient contenir des produits chimiques liés au cancer

Les poires et poudres vaginales pourraient contenir des produits chimiques liés au cancer. [Photo: Getty]
Les poires et poudres vaginales pourraient contenir des produits chimiques liés au cancer. [Photo: Getty]

Les poires et poudres vaginales pourraient contenir des produits chimiques liés au cancer, d’après une étude.

Les experts encouragent les femmes à éviter les produits d'hygiène féminine depuis des années.

Souvent très parfumés, les produits peuvent déséquilibrer le pH délicat du vagin et entraîner des mycoses, voire des tumeurs ovariennes.

Malgré les avertissements, les grands magasins sont inondés de poires à lavement et de poudres afin que les femmes se sentent toujours « fraîches ».

Pour en savoir davantage sur les dangers potentiels, des scientifiques de l'université du Michigan ont demandé à plus de 2 400 femmes à quelle fréquence elles utilisaient ces produits.

Ils ont constaté que le simple fait d’utiliser ce type de produits d'hygiène féminine deux fois par mois faisait augmenter le taux de produits chimiques cancérigènes dans le sang des femmes, et ce jusqu'à 81 %.

Dans le cas présent, les « produits chimiques cancérigènes » désignent les substances appelées composés organiques volatils (COV), que l'on trouve dans tout, du parfum au vernis à ongles en passant par les répulsifs antimites et la peinture.

Les COV sont liés au cancer, à des « troubles menstruels », à des fausses couches et à des malformations congénitales, d’après les scientifiques de la revue Journal of Women's Health.

Nous savions déjà que les produits chimiques entraient dans le corps par l’intermédiaire de la peau, des poumons et de la digestion, mais l'absorption par le vagin était moins connue.

Les scientifiques ont étudié 2 432 femmes âgées entre 20 et 49 ans qui avaient participé au sondage « National Health and Nutrition Examination Survey » entre 2001 et 2004.

Les femmes ont été invitées à préciser à quelle fréquence elles utilisaient des poires, sprays, poudres et lingettes, ainsi que des tampons et serviettes hygiéniques.

Les échantillons sanguins ont indiqué que celles qui utilisaient une poire vaginale une seule fois par mois possédaient déjà 18 % plus de 1,4-dichlorobenzène (1,4-DCB) dans le sang que les femmes qui n’utilisaient jamais de poire.

Utiliser une poire deux fois par mois était associé à une hausse de 81 % du taux de 1,4-DCB.

Des études sur les animaux ont établi un lien entre le 1,4-DCB et les anomalies reproductives, ainsi qu'un poids à la naissance plus faible et un risque plus élevé de décès chez les nouveau-nés.

Les résultats ont également révélé que les femmes qui avaient utilisé des poudres vaginales au cours du dernier mois possédaient 36 % plus du COV éthylbenzène dans leur circulation sanguine.

L'exposition à court terme à l'éthylbenzène est liée à des étourdissements, des irritations au niveau des yeux et des problèmes respiratoires, d'après la United States Environmental Protection Agency (EPA).

Une étude réalisée par le National Toxicology Program a conclu que les rongeurs qui inhalaient le COV risquaient davantage de souffrir de tumeurs rénales, hépatiques et testiculaires.

Les « informations sont toutefois limitées » sur le risque de cancer lié à ce produit chimique chez l'homme, précise l'EPA.

L’étude du Michigan n'a trouvé aucun lien entre l'utilisation de tampons ou de serviettes hygiéniques et des niveaux de COV plus élevés.

Cela pourrait être dû au fait que les produits sanitaires sont généralement uniquement utilisés pendant quelques jours par mois, contrairement aux poudres vaginales qui sont appliquées régulièrement, d’après les scientifiques.

« D’après les résultats de cette étude, les produits d'hygiène féminine qui exposent le tissu vulvo-vaginal aux COV nocifs doivent être évités », a confié le Dr Susan Kornstein, rédactrice en chef de la revue.

Le 1,4-DCB et l’éthylbenzène sont tous deux ajoutés aux produits de soins personnels pour conserver l'odeur d'un parfum, ont-ils précisé.

Les parfums peuvent également être une source de COV, car les fabricants de cosmétiques sont rarement tenus de divulguer les ingrédients d'un parfum sur l'étiquette d'un produit, précisent-ils.

Ça n'est pas non plus la première fois que les dangers des produits d'hygiène intimes sont mis en avant.

Les poires vaginales retirent les sécrétions naturelles libérées par le vagin afin de rester en bonne santé.

La perte de ces sécrétions affecte ainsi le pH et augmente potentiellement le risque d'infections.

Certains craignent également que les poires libèrent des produits chimiques appelés phtalates dans l'appareil reproducteur.

Ces produits perturbent la production d'hormones et pourraient stimuler le risque de cancer de l'ovaire.

« Je ne vois pas dans quel contexte les poires seraient utiles », a confié à NHS Choices le professeur Ronnie Lamont, porte-parole pour le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists.

L'application de poudres sur la zone intime est à l’origine d’une controverse encore plus intense.

Un procès a fait la une des journaux du monde entier lorsque 22 femmes ont reçu un montant record de 4,7 milliards de dollars (près de 5,5 milliards d’euros) de dommages et intérêts. En effet, un jury a conclu que la poudre de talc de Johnson et Johnson était à l’origine de cancers des ovaires.

Le talc minéral contenait de l’amiante, et ces deux produits chimiques ont été retrouvés dans les tissus ovariens de certaines femmes.

Dans sa forme naturelle, le talc peut contenir de l'amiante, un produit réputé causer des cancers dans et autour des poumons lorsqu'il est inhalé, d'après l'American Cancer Society.

Les conclusions des études sont mitigées quant aux autres formes de la maladie.

Certaines études suggèrent un risque légèrement accru de cancer de l'ovaire chez celles qui utilisent de la poudre de talc, alors que d'autres n'ont constaté aucun risque.

Le Centre international de recherche sur le cancer, qui fait partie de l'Organisation mondiale de la santé, classe cependant le talc qui contient de l'amiante comme « cancérogène pour l'homme ».

Alexandra Thompson